RD CONGO: lettre ouverte À Son Excellence THABO MBEKI, ancien Président de l’Afrique du Sud


Monsieur le Président,
Je m’excuse de la liberté que je prends en vous écrivant cette Lettre ouverte, mais aussi du moment choisi, car je ne suis pas certain qu’elle soit appropriée. Cependant, en tant que patriote, je n’ai d’autre choix que de réagir aux déclarations embarrassantes que vous avez faites l’année dernière, lors de votre prise de parole à l’initiative conjointe de l’Université d’Afrique du Sud (UNISA) e
t de la Fondation Thabo Mbeki, l’ÉCOLE AFRICAINE d’Affaires Publiques et Internationales, composée principalement d’étudiants africains, comme l’illustre la vidéo ci-dessous.
Cette vidéo de votre adresse de mars 2024 continue à ce jour d’être utilisée comme outil de propagande par les milieux rwandais officiels et officieux et par tous les ennemis de la République démocratique du Congo, afin de diffuser à travers le monde, notamment sur les réseaux sociaux, toutes les inexactitudes et contre-vérités qu’elle contient sur l’histoire sociale, sociétale, culturelle et politique de ce pays. Ainsi, le temps qui s’est écoulé depuis lors n’enlève rien au sérieux de vos propos, qui restent à ce jour d’actualité. Ceci est aussi injuste qu’inacceptable, car il y va de soi avec les intérêts supérieurs de la RD Congo, victime d’une énième guerre d’agression injustifiée du Rwanda depuis trois ans. D´où, notre présente réaction que nous jugeons opportune.
Monsieur le Président,
C’est pour moi une triste occasion de vous donner mon point de vue après vos déclarations partiales et erronées, sur un sujet que vous ne maîtrisez visiblement pas du tout, et qui n’est en réalité que la répétition de fallacieuses réthoriques des dirigeants rwandais dont vous êtes un ami proche, voire un complice dans une certaine mesure. Ne vous inquiétez pas, Monsieur le Président, car nous, Congolais, en sommes conscients. Autrement dit, vos liens avec les maîtres des lieux à Kigali, ainsi qu’avec les Rwandais opérant sur le terrain en Afrique du Sud, expliquent votre attitude partiale et le ton péremptoire que vous employez au sujet des problèmes que vous ignorez visiblement.
D’une part, en tant qu’ancien dirigeant africain de premier plan ayant exercé de hautes responsabilités à la tête d’un pays important et ami de notre continent, à savoir l’Afrique du Sud, vous méritez tous les égards dus à votre rang. D’autre part, en tant que cadet élevé dans la pure culture afro-congolaise, vous méritez également de ma part toute la considération et le respect dus à nos aînés que nous vénérons le plus souvent. Je voudrais donc vous saluer en signe de respect avant d’entrer dans le vif du sujet.
Au-delà de cela, je ne m’abstiendrai pas de m’exprimer correctement et sans ambiguïté, comme vous l’avez fait lors votre adresse devant l’auditoire présent à la réunion à laquelle je fais référence, où vous étiez l’orateur principal. Étant donné que vos déclarations et les intentions qui les sous-tendaient étaient claires et sans ambiguïté pour les patriotes congolais que nous sommes.
Ceci pour vous dire, Monsieur le Président, que mon propos risque de vous paraître discourtois. C’est pourquoi je vous prie de ne pas le prendre comme offensant. Mon intention est loin de vous offenser publiquement pour toutes les raisons évoquées plus haut, mais vise plutôt de corriger un certain nombre de contre-vérités contenues dans vos déclarations sur la situation historique, sociologique et politique de mon pays, la République démocratique du Congo. De toute évidence, vous donnez l´impresion d´avoir été manipulé par vos amis rwandais qui vous utilisent comme porte-parole de leur propagande mensongère à l’échelle mondiale.
À cet égard, afin de ne pas vous faire perdre votre précieux temps, je vais tenter de résumer brièvement ma réaction dans les limites de votre intervention en faisant quelques rappels historiques, et ce, afin d’éviter de m’étendre sur la longue histoire des relations entre la République Démocratique du Congo et la République du Rwanda.
Alors, Monsieur le Président, soyez disposé à entendre la vérité.
Tout d’abord, bien que vous soyez une personnalité instruite, outre toutes les responsabilités que vous avez exercées dans les hautes sphères politiques sud-africaines et africaines, je constate malheureusement que vous faites preuve d’une méconnaissance flagrante de la situation en RD Congo. Ce qui est dangereux pour le jeune public qui vous écoute pendant la conférence et pour ceux qui visionnent la vidéo de cette réunion. Car vous les induisez en erreur avec de fausses informations, en essayant de réécrire et de raconter l’histoire de la RD Congo selon votre propre interprétation ou imagination, sans aucun lien avec ses réalités politiques, sociologiques et sociales.
Le risque de telles déclarations infondées est que ces jeunes finissent facilement par y croire, simplement en se référant aux postes importants que vous avez occupés dans votre pays et au sein de l’Union africaine. Il ne s’agit ni plus ni moins que d’un argument d’autorité. Autrement dit, argumentum ad verecundiam (verecundia, « respect pour quelqu’un, quelque chose »). À la manière d’un syllogisme : « Puisque ces propos sortent de la bouche du Grand THABO MBEKI, ce dernier fut président de la Grande République d’Afrique du Sud, deux fois docteur honoris causa en 1999 et 2000 dans deux universités ; et nommé Africain de l’année 2012, donc c’est vrai ». C’est exactement ce que nous craignons pour cette jeunesse africaine et pour l’opinion publique en général.
Non, Monsieur le Président, Nous, patriotes congolais, ne permettrons à personne, ni à vous, comme c’est effectivement le cas, de répandre de telles faussetés sur la RD Congo et son peuple comme lors de votre discours et de vous laisser vous en tirer à bon compte, sans que nous réagissions en conséquence.
Vous avez soutenu que les frontières coloniales expliquent le soi-disant conflit entre la population congolaise et la population rwandophone accueillie ou adoptée comme citoyenne en RD du Congo.
Monsieur le Président, permettez-moi de vous dire que vous avez totalement tort. C’est loin d’être le cas. La question des frontières et de la population rwandaise fut finalement réglée le 14 mai 1910 par un accord entre les anciennes puissances coloniales, dit « Convention européenne de Bruxelles », à savoir les Allemands pour le Royaume du Rwanda, les Belges pour l’actuelle RD Congo et les Britanniques pour l’Ouganda. À partir de ce jour, il fut considéré qu’il n’y avait plus de problème frontalier entre l’Ouganda, et plus particulièrement entre la RD Congo et le Rwanda.
C’est en effet dans le cadre de cet arrangement colonial qu’une grande partie de l’est du Congo, à savoir Gisenyi (territoire de la tribu Bahunde), y compris la totalité du Lac Kivu – qui était un lac intérieur de la RD Congo – et Cyagungu (territoire de la tribu Bashi), deux principales villes de l’ouest du Rwanda, passèrent au territoire national actuel du Rwanda. Ainsi, les populations vivant dans un rayon de 10 kilomètres de part et d’autre de la nouvelle frontière disposaient de six mois pour se déplacer avec leurs biens et leur bétail vers le côté congolais ou rwandais. Les termes de ces accords coloniaux visaient à éviter tout mélange et toute confusion ethniques, culturels et linguistiques entre les sujets du Royaume du Rwanda – existant à l’intérieur de ses frontières bien définies depuis longtemps (environ 200 ans) avant la création de l’État indépendant du Congo le 1er juillet 1885 à la suite de la Conférence Congo-Berlin – et les populations de culture congolaise du Congo belge, nouvellement créé le 15 novembre 1908. Passé ce délai, ceux qui restaient dans leurs lieux d’implantation d’origine étaient désormais considérés comme des étrangers.
Monsieur le Président,
Cela explique pourquoi, aujourd’hui, au Rwanda, nous comptons des Bashi appartenant aux mêmes origines que ceux de la RD Congo, répartis sur les territoires de Walungu, Kabare, Ngweshe, Mwenga, Kalehe ou Uvira, mais vivant sur les terres de leurs ancêtres, sur le territoire national du Rwanda, en tant que citoyens de ce pays. Je pense directement au petit royaume de Bukunzi, également connu sous le nom de Mbirizi, fondé par les Bashi sur un territoire plus vaste appelé Bushi. Bukunzi est resté séparé de la RD Congo jusqu’à ce que la campagne militaire menée par la Belgique coloniale en 1926 le divise et le fusionne avec le Rwanda. Ainsi, la zone de l’ancien royaume de Bukunzi fait désormais partie du district de Rusizi au Rwanda. Qui peut donc contester cette réalité ?
L’année dernière, en juillet 2024, lors de la campagne électorale du « candidat » Paul KAGAME dans cette région de Bukunzi (ou Mbirizi), nous avons pu voir ces Bashi, citoyens rwandais, chanter et danser en langue mansi en l’honneur de ce dernier pour sa nouvelle réélection.
Une grande partie du territoire de la côte ouest du Rwanda, de l’île de Nkombo sur le Lac Kivu jusqu’à la pointe de la colline Nyamirundi, en passant par toute la crête de la rivière Rusizi/Ruzizi jusqu’à Bugarama, est d’origine congolaise. Les Belges ne nous contrediront pas à ce propos.
Illustrations éloquentes de la présence d’une partie des Congolais et de leurs terres de l’autre côté de la frontière. C’est la conséquence de la Conférence Congo-Berlin de 1885 à laquelle vous faites référence, Monsieur le Président. C’est donc en réalité la RD Congo qui a des terres et des populations à revendiquer au Rwanda, et non l’inverse. Ce sont des faits historiques que la propagande mensongère des autorités rwandaises et l’ignorance de ceux qui les croient ne peuvent changer.
Contrairement à la RD du Congo, le Rwanda a des terres et des populations (le peuple Bafumbira, composé de (ba)Hutu, (ba)Tutsi et (ba)Twa, les trois composantes sociologiques exactement comme au Rwanda) à revendiquer en Ouganda – ce qu’il n’a jamais fait – dans la région de Bufumbira, située dans le district de Kisoro, au sud-ouest de l’Ouganda le long de la frontière rwandaise. C’est le résultat de l’accord auquel j’ai fait référence, conclu le 14 mai 1910 entre les trois puissances coloniales européennes, afin de régler définitivement la question des tracés frontaliers.
Suite à la défaite de l’Empire allemand lors de la Première Guerre mondiale (1914-1918), deux territoires d’Afrique orientale allemande (Deutsch Ost Afrika), le Rwanda et le Burundi, furent cédés à la Belgique par mandat de la Société des Nations (ancêtre des Nations Unies) en 1922. Cela signifie que la population rwandophone vivant en RD du Congo est celle initialement arrivée en RD du Congo comme migrante dans le cadre de la politique de « Transplantation » des autorités belges, autrement dit de la Mission d’immigration des Banyarwanda (MIB), qui consistait à importer de la main-d’œuvre banyarwanda dans les secteurs minier et agricole. Autrement dit, ce qu’on appelle les « Transplantés » ou « The Transplanted » en anglais de 1922 à 1940. Transplantés à l’étranger, notamment dans les territoires de Masisi (les Tutsis) et de Rutshuru (les Hutus), appartenant à la tribu congolaise Bahunde, où ils n’ont ni terre ancestrale ni chefferie à revendiquer.
Au lendemain de la Première Guerre mondiale (1914-1918), l’administration coloniale belge a ainsi subtilement réussi à semer les germes de la déstabilisation actuelle de la RD du Congo dans l’ancienne province du Grand Kivu, lorsqu’elle a décidé, contre la volonté des autochtones (Bahunde), d’établir la chefferie hutu de Bwisha à Rutshuru en 1920, afin de récompenser le Mwami Daniel NDEZE pour sa contribution en porteurs et en vivres à la Force publique lors de sa campagne militaire de reconquête du Rwanda, du Burundi et de la Tanzanie de la domination de l’Empire allemand.
Et plus tard, à partir de ce qu’ils ont appelé la « Révolution Paysanne » en 1959 après que le dernier monarque rwandais ait été renversé par la majorité Hutu, d’autres vagues de Banyarwanda Tutsi ont migré en RD du Congo comme réfugiés en 1963, suite à la prise du pouvoir républicain par le soi-disant Hutu Grégoire KAYIBANDA, mais en réalité un Mushi appartenant à la tribu transfontalière des Bashi du « Rwanda », et enfin en 1994, pour fuir la brutalité et l’oppression du régime en place, les massacres interethniques et la guerre du Front Patriotique Rwandais de Paul KAGAME.
Voici brièvement comment s’est déroulée l’histoire de la RD Congo avec la présence des populations d’origine rwandaise sur son sol.
Monsieur le Président,
Permettez-nous de vous dire que la RD du Congo est, par définition, une addition ou une fusion de près de 450 tribus différentes et de leurs terres, où chaque tribu possède ses propres terres. Il importe de souligner que, tout au long de l’histoire de ce pays, aucune d’entre elles n’a combattu l’État congolais ni tué des membres d’autres tribus ou compatriotes pour être reconnue comme Congolais(e) d’origine ou simplement comme citoyen de la RD du Congo. Car chacun(e) est Congolais(e) du simple fait de posséder des terres et une chefferie incontestées et incontestables sur le territoire national de la RD du Congo. Ainsi, les Tutsis, anciens immigrants et réfugiés du Rwanda, rebaptisés Banya-Mulenge, n’ont pas la moindre terre ancestrale ou une quelconque chefferie à revendiquer en République Démocratique du Congo.
Pensez-vous vraiment un instant que Léopold II, le petit roi des Belges, était assez puissant pour aller arracher au puissant Empire allemand des terres et des populations dans ce qui était l’une de ses possessions en Deutsch Ost Afrika (Afrique orientale allemande), à savoir l’actuel Rwanda, pour les annexer et les incorporer à l’État indépendant du Congo ?
Cela étant dit, il n’y a donc aucune raison d´aller massacrer ses propres compatriotes par centaines de milliers, voire par millions, et de déstabiliser son propre pays en collusion avec des puissances étrangères pendant plus de trois décennies à cette fin, si l’on est véritablement d’origine congolaise et que l’on possède une terre ancestrale et une chefferie. D’autant plus que les tribus congolaises sont pour la plupart apparentées entre elles (par des liens de parenté), quelle que soit la distance qui les sépare entre leurs différentes localités ou provinces au sein de l’immense RD Congo.
Par ailleurs, je voudrais respectueusement vous poser, Monsieur le Président, une question en deux parties complémentaires :
- Combien de « tribus » avez-vous reconnues, au cours de vos neuf années de mandat présidentiel, comme sud-africaines d’origine ou au moins citoyennes sud-africaines, après une lutte armée contre l’État sud-africain qui a fait des millions de morts parmi vos compatriotes ? Les Zoulous ? Les Sothos ? Les Ndebeles ? Les Tswanas ? Les Afrikaners ? Les Indiens ? Les Swazis, ou votre propre tribu Xhosa ?
- Par ailleurs, combien de Ndebeles du Zimbabwe, de Sothos du Lesotho, de Swazis d’Iswati ou de Swanas du Botswana, qui ont émigré et vécu de génération en génération en Afrique du Sud, et qui, dans leur folie de s’emparer de terres d’autres tribus par la force avec le soutien militaire de leurs pays d’origine, après avoir combattu l’État/l’armée sud-africains, commis des atrocités et tué des millions d’autres populations, d’origine sud-africaine, avez-vous protégés et accordé des terres et la citoyenneté pendant votre présidence de neuf ans ? Puisque nous savons tous que l’Afrique du Sud partage ces tribus transfrontalières avec ses pays voisins.
Bien sûr, vous nous répondrez « aucune ». Tout simplement parce qu’il ne fait aucun doute que tous ces groupes ethniques : Noirs, Blancs ou Indiens, possèdent leurs propres terres ancestrales et, à terme, leur propre chefferie sur le territoire sud-africain. Il importe donc peu que vous trouviez toutes ces tribus transfrontalières dans les pays voisins de l’Afrique du Sud. Par conséquent, cela fait automatiquement d’eux des Sud-Africains, et ils n’ont pas besoin de recourir à la lutte armée pour se protéger ou être reconnues comme telles. Et ces mêmes tribus des pays voisins vivant dans votre pays savent qu’elles ne possèdent pas la moindre parcelle de terre sur le territoire national sud-africain. Est-ce exact ?
Monsieur le Président,
Êtes-vous personnellement prêt à accepter des choses aussi injustes et barbares, s’il s’agit de votre propre pays, des terres de votre tribu Xhosas, Monsieur le Président ? Si vous étiez sincère, vous répondriez NON. Mais pourquoi pensez-vous que les tribus et le peuple congolais doivent accepter l’inacceptable, si vous et vos compatriotes n’êtes pas prêts à accepter les mêmes absurdités ?
Alors, Monsieur le Président, compte tenu de ce qui précède, vous auriez dû dire à l’auditoire et au monde entier, lors de votre intervention, ce qui suit :
- Où nos concitoyens que vous appelez « Banya-Mulenge », ou cette population d’origine/expression rwandaise, possèdent-ils leurs terres ancestrales situées géographiquement sur le territoire national de la RD du Congo, ou du moins dans la province du Grand Kivu ?
- Et si cette terre chimérique existe réellement en RD du Congo, pouvez-vous alors dire au public comment elle s’appelle ? D’ailleurs, quel est le nom de leur « royaume » ou du moins de leur chefferie ? Pourriez-vous le dire gentiment à l’opinion publique ?
Cela n’a rien à voir avec les frontières tracées par les colonialistes, comme vous le prétendez. Si tel était le cas, il n’y aurait jamais eu de problème ni de conflit foncier entre eux et les tribus autochtones, à savoir les Bafulero, les Banyindu, les Babembe, les Barega et les Bavira. Ainsi, nos concitoyens s´identifiant comme « Banya-Mulenge » auraient alors eu leurs propres terres incontestées en RD du Congo, tout comme de nombreuses autres tribus transfrontalières que nous partageons avec nos huit autres pays voisins, comme c’est le cas ailleurs dans d’autres pays africains, y compris le vôtre, où nous avons tous des tribus transfrontalières vivant en paix et en harmonie avec d’autres tribus voisines sur leurs terres ancestrales, de part et d’autre des frontières.
La simple réalité que vous refusez de reconnaître ou d’admettre est que la RD du Congo les a accueillis comme immigrants (dans les années 1920-1940) et réfugiés dans les années 1950, 1960 et 1970, et leur a collectivement restitué la citoyenneté congolaise, lors du « Dialogue intercongolais » de Sun City, le 19 avril 2002, organisé par votre gouvernement et sous votre présidence. Alors que la RD du Congo, n’ayant d’autre choix, était militairement occupée par les armées rwandaise et ougandaise, et contrainte à des concessions inacceptables par ces dits accords injustes.
Par conséquent, la nationalité d’origine que l’on acquiert automatiquement à la naissance par ses parents est intrinsèquement liée aux aspects susmentionnés, à savoir la possession de terres ancestrales et d´une chefferie en RDC. Par conséquent, nous ne la demandons pas. En clair, nous ne demandons à personne notre appartenance à nos tribus ou ethnies respectives qui forment la Nation congolaise. Nos tribus et nos terres constituent par excellence le fondement et la source de notre nationalité congolaise d’origine, que personne, ni aucune autorité, si puissante soit-elle, ne saurait nous ravir. La nationalité congolaise d’origine est ad vitam aeternam (à vie), seule la mort peut nous l’ôter.
Vous êtes allé loin dans les allégations gratuites, allant même jusqu’à ternir la mémoire du Président MOBUTU Sese Seko et du peuple congolais, dans une affaire dont vous êtes manifestement ignorant.
Monsieur le Président,
Pour votre gouverne, il convient de souligner qu’aucun autre dirigeant congolais dans l’histoire de la RD du Congo n’a fait preuve d’autant de générosité et d’autant d’intérêt et de protection envers la Communauté tutsie que l’ancien président MOBUTU Sese Seko. Ce dernier, encore pour votre information, a été accusé par le Parlement et le gouvernement, sans parler du peuple congolais, d’être celui qui encouragait des actes illégaux et frauduleux, contraires à la Constitution du pays, en faveur des Banyarwanda, autrement dit des immigrants et réfugiés du Ruanda-Urundi.
En mai 1969, trois ans après le coup d’Etat militaire sans effusion de sang de feu l’ancien Président MOBUTU Sese Seko le 24 novembre 1965, un ancien réfugié rwandais de la région de Cyagungu (préfecture), ancien étudiant et président de l’association des étudiants rwandais à l’Université de Louvanium (aujourd’hui Université de Kinshasa) du nom de Bartelemy BISENGIMANA Rwema – on l’appelait autrefois : Monsieur 10% ou 30%, à cause de la commission en pourcentage qu’il exigeait pour instruire et mener à bien votre dossier – fut nommé par surprise au poste de Chef de Cabinet du Président de la République, poste qu’il occupa jusqu’en février 1977, avant d’être démis de ses fonctions suite à des allégations de corruption d’une usine textile de la ville de Kisangani.
Un poste ayant valeur de Premier Ministre, étant donné que le poste de Premier Ministre avait été quelques temps auparavant radié de l’organigramme de l’État, après avoir été brièvement occupé par le Colonel/Général MULAMBA Nyuni Léonard, l’un des treize Compagnons de la Révolution (du coup d’État), selon la terminologie de l’époque, avant que le Premier Commissaire d’État MPINGA KASENDA ne vienne l’occuper à nouveau de juillet 1977 à mars 1979.
Bartelemy BISENGIMANA Rwema, ambitieux, rusé, et fort de la confiance totale et presque aveugle, voire naïve, dont il bénéficiait du Président MOBUTU, entreprit de machiner dans son dos, l’élaboration d’une Ordonnance-Loi numéro 71-020 du 28 mars 1971, signée par ce dernier comme simple faire-valoir, octroyant collectivement la citoyenneté zaïroise (congolaise) à ses compatriotes réfugiés et immigrés Banyarwanda, c’est-à-dire ressortissants du Ruanda-Urundi. Et ce, à l’insu des parlementaires (commissaires du peuple, équivalents des députés actuels), partis en congé parlementaire. Il pensait ainsi avoir réussi son hold-up d’identité. Mais c’était sans compter sur leur détermination à déjouer cette vaste ursupation d´identité et forfaiture.
En novembre 1973, une fois leur nationalité congolaise acquise dans les conditions décrites ci-dessus, notamment sous l’influence du même Bartelemy BISENGIMANA Rwema, le président MOBUTU Sese Seko lança la fameuse Zaïrianisation. C’est-à-dire la nationalisation des capitaux étrangers dans l’ex-Zaïre (RD du Congo). Toutes les sociétés et tous les actifs étrangers furent transférés aux Congolais. Ce fut le début de l’effondrement économique de la RD du Congo.
Les Banyarwanda ou Banya-Mulenge, récemment devenus Congolais, en étaient les plus gros acquéreurs, à hauteur de 72 % dans le Grand Kivu (Nord-Kivu, Sud-Kivu et Maniema) et de 38 % dans l’ensemble du Zaïre (RD du Congo). Cela leur conférait un pouvoir économique et financier considérable qu’aucune des 450 autres tribus congolaises ne possédait. Il s’agissait bien évidemment là d’un autre hold-up financier et économique pour la majorité des Congolais autochtones. Et c’est bien ce que vous appelez discrimination (contre qui) ? Évidemment contre les Congolais d’origine, bien sûr. Ainsi, par le biais de son service de la dette publique, l’État congolais a dû rembourser l’intégralité de ces capitaux confisqués aux victimes de cette nationalisation.
Monsieur le Président,
Les parlementaires (commissaires du peuple) réagiront à cette vaste fraude et usurpation d’identité congolaise (zaïroise) à grande échelle par la loi numéro 72-002 du 5 janvier 1972, pour dénoncer cette fameuse Ordonnance-loi de BISENGIMANA/MOBUTU et la déclarer ainsi nulle et non avenue, en confirmant plutôt les dispositions de la Constitution de Luluabourg (Kananga) promulguée le 1er août 1964, qui, en son article 6, stipule ce qui suit concernant les Congolais :
Ceux dont les ancêtres appartiennent à une tribu ou à une partie des tribus établies sur le territoire national congolais avant le 18 octobre 1908.
Nous sommes donc Congolais d’origine selon la disposition constitutionnelle susmentionée et non individuellement. Et il est dit « partie des tribus » en raison du partage des tribus entre différents pays par les puissances coloniales occidentales. S’il existait des individus originaires du Royaume du Rwanda présents sur le sol congolais à cette date, ce sont ceux qui fuyaient donc les exactions de leurs rois barbares, dont Kigeli IV Rwabuguri, considéré comme le plus grand roi du Rwanda. Expansionniste, il fut vaincu et tué dans sa fuite vers son royaume par un guerrier Mushi, après avoir tenté de s’emparer des terres congolaises de la chefferie Bashi en 1895. Soit dit en passant : « C’est bien le sort commun que le destin du Congo a automatiquement réservé à tout autre dirigeant rwandais qui s’engagerait dans cette voie de folie ».
Parce que ces personnes n’étaient que des résidents étrangers, ressortissants du Royaume du Rwanda créés au moins deux cents (200) ans avant la création de l’État indépendant du Congo le 1er juillet 1885, devenu plus tard la RD du Congo le 30 juin 1960. Cependant, ils pouvaient devenir Congolais en épousant un Congolais d’origine. C’est-à-dire de père et de mère. Il ne suffit donc pas d’être le petit-fils ou l’arrière-petit-fils de quelqu’un ayant vécu au Congo à cette époque lointaine pour se déclarer Congolais. Le temps écoulé n’y change rien.
La loi parlementaire n° 72-002 du 5 janvier 1972 n’ayant pas été suivie d’effets à l’encontre des intéressés, les Commissaires du Peuple (députés) vont à nouveau, neuf (9) ans plus tard, en demander l’exécution sans délai. Ainsi, le 29 juin 1981, le Président MOBUTU Sese Seko reconnut son erreur et la loi parlementaire n° 81-002, contresignée par lui, fut adoptée à l’unanimité, corrigeant ainsi cette fraude en retirant aux Banyarwanda cette nationalité zaïroise/congolaise acquise frauduleusement et collectivement. Et ce, notamment pour les raisons suivantes :
Pourquoi cette fameuse Ordonnance-Loi numéro 71-020 du 28 mars 1971 de Bisengimana/Mobutu ne concernait-elle que les Rwandais et les Burundais, réfugiés de 1959, 1962, 1972 et non les autres communautés, notamment les Angolais les plus nombreux – qui étaient au Congo depuis bien plus longtemps que les Rwandais et les Burundais – ou la communauté soudanaise, et celles de nos neuf (9) voisins frontaliers présents sur le sol congolais ?
Finalement, le 19 avril 2002, à Sun City en Afrique du Sud, la RD Congo militairement occupée après une longue et meurtrière guerre d’agression menée par le Rwanda et l’Ouganda le 2 août 1998 contre la nation congolaise, à laquelle les Banyarwanda/Banya-Mulenge ont activement participé à leurs côtés, un accord dit de Sun City a été signé entre certaines parties congolaises et des représentants de l’Occupation rwandaise, à l’issue d’un prétendu « Dialogue inter-congolais », qui leur a collectivement restitué la nationalité congolaise. Ce qui est bien évidemment contraire à l’esprit et à la lettre de la Loi sur la nationalité, qui préconise une demande individuelle. Encore une fois, une autre forfaiture.
En bref, c´est un fait inhabituel et sans précédent dans l’histoire de notre pays : aucune autre tribu, hormis la communauté à laquelle vous faites référence, n’a jamais ressenti le besoin de faire la guerre à l’État pour obtenir la citoyenneté congolaise sur « son propre territoire », par le biais d’un « soi-disant accord ». Ceci était la conséquence de la faiblesse militaire de la RD du Congo. Une chose que notre peuple ne tolérera plus jamais, quel qu’en soit le prix. Les Congolais ne permettront plus jamais à quiconque de les intimider ou de leur imposer l’inacceptable.
Et pour couronner le tout, une prétendue Constitution de belligérance, véritable Charte de l’occupation du Congo, élaborée à Liège, en Belgique, par des constitutionnalistes belges et occidentaux, avec la participation active et complice de deux professeurs pro-rwandais d’origine rwando-congolaise, a été imposée à la RD du Congo jusqu’à ce jour. C’est en partie l’une des causes de l’instabilité actuelle.
Vous affirmez que la Communauté Banya-Mulenge n’est pas protégée par l’État congolais, elle n’a donc d’autre choix que de se défendre.
Monsieur le Président,
Nous nous demandons sincèrement d’où viennent ces allégations infondées et gratuites que vous proférez ? Vous auriez mieux fait de dire les choses avec exactitude, plutôt que de parler ainsi en l’air, en répétant les mensonges du régime criminel du Rwanda, tel son porte-parole, sans appuyer vos déclarations par des preuves tangibles, des exemples concrets et des sources crédibles.
Le dimanche 19 janvier 2020, profitant de sa visite officielle à Londres, en Grande-Bretagne, lors d’un échange avec la diaspora congolaise venue de toute l’Europe et même du monde, Félix Antoine TSHILOMBO Tshisekedi, Président de la RD du Congo et Première institution du pays, n’a-t-il pas déclaré haut et fort au monde que : « Les Banya-Mulenge étaient Congolais ? » Quelle autre voix, à votre avis Monsieur le Président, serait la plus autorisée, sinon celle-là, à reconnaître leur fameuse citoyenneté congolaise ?
Une fois de plus, suite à l’implication prédominante de plusieurs d’entre eux au sein du M23 aux côtés de l’armée rwandaise (RDF) dans les attaques et massacres de civils à Goma et Bukavu, le 10 mars 2025, lors d’un point de presse diffusé sur la chaîne de télévision nationale RTNC, le Président Félix Antoine TSHISEKEDI a souligné en substance que « les Banya-Mulenge font partie du peuple congolais et qu’aucune forme de discrimination ne sera tolérée durant son mandat contre quelque communauté que ce soit, dans l’intérêt de la cohésion nationale qui est cruciale pour la paix et la stabilité en RD Congo ». Monsieur le Président, essayez-vous de faire croire au monde que tout cela n’est pas pour les protéger ?
Quand et où avez-vous vu cette population d’origine rwandaise, généreusement accueillie en RD du Congo, harcelée ou persécutée par les Congolais encouragés par le président MOBUTU Sese Seko ?
Monsieur le Président,
Vous débitez, Monsieur le Président, des allégations infondés et des énormités, ternissant ainsi la mémoire heureuse du défunt Président MOBUTU Sese Seko, au nom d’une communauté à laquelle ce dernier avait pourtant tout donné. Entre autres : l’hospitalité au nom de la solidarité africaine, la citoyenneté collective et le pouvoir économique et financier, au détriment de la loi et du peuple congolais.
Monsieur le Président, je vous exhorte à respecter la mémoire de ce grand homme d’État, qui n’est plus parmi nous pour se défendre des fausses accusations que vous avez portées contre lui. Permettez-nous de vous rappeler le rôle qu’il a joué en soutenant tant politiquement que financièrement le Congrès National Africain (ANC) à hauteur de plusieurs millions de dollars américains et en contribuant à l’élection en 1994 de notre Grand leader continental, feu le Président Nelson MANDELA, dont je salue respectueusement la mémoire, dans la lutte contre le système brutal de l’apartheid en Afrique du Sud. Au moins, pour cela, vous auriez pu y réfléchir à deux fois avant de tenir vos propos infondés et ingrats à sa mémoire.
Vous osez justifier l’agression et la violence du Rwanda sous couvert du M23, au nom d’une soi-disant légitime défense d’une certaine communauté ?
Monsieur le Président,
Pour toute personne de bons sens, cette organisation terroriste et criminelle née le 23 mars 2009, d’où son nom M23, est rwandaise. Maintenant, si c’est pour cette raison que vous avancez, relative à la prétendue non-reconnaissance de la Communauté rwandophone à laquelle vous faites référence comme congolaise, je vous rappellerai tout de suite que c’est sous votre présidence et vos pressions politico-diplomatiques que la citoyenneté congolaise avait été collectivement accordée pour la deuxième fois aux Banyarwanda que vous appelez Banya-Mulenge, le 19 avril 2009, et ce, à l’issue du « Dialogue intercongolais » de Sun City en Afrique du Sud, dans votre pays.
Qu’est-ce qui pourrait donc justifier selon vous le réapparition de cette organisation terroriste et criminelle rwandaise sept ans après avoir obtenu gain de cause ? Le M23 n’est pas l’affaire Banya-Mulenge. Ce n’est pas vrai. L’affaire Banya-Mulenge a pris fin en 2002 lors du « Dialogue intercongolais » à Sun City, en Afrique du Sud, sous votre présidence. Le M23 est un détachement des Forces de Défense rwandaises (RDF) déployé en RD Congo par Paul KAGAME, afin de servir ses objectifs économiques, géopolitiques et expansionnistes.
Le M23 est en réalité un détachement des Forces de défense rwandaises (FDR) déployé en RD du Congo par Paul KAGAME, soutenu par certains milieux d´affaires occidentaux et leurs sociétés minières, afin de servir ses objectifs économiques, géopolitiques et expansionnistes. Les Banya-Mulenge sont certes devenus citoyens congolais, mais sont arrivés en RD du Congo, dans la région du Kivu, comme immigrants et réfugiés, à différentes périodes de l’histoire.
La vérité est simple : les Banya-Mulenge sont sans terre en RD Congo. C’est pourquoi ils (avec leur Rwanda natal) usent de toutes sortes de mensonges, de manipulations et de subterfuges, avec l’appui de sponsors occidentaux, afin de créer, selon leur agenda lunaire, en RD Congo : un « Tutsiland », qu’ils n’ont même pas au Rwanda. Et ce, au détriment et dans le sang de millions de tribus autochtones congolaises qui voient leurs riches terres ancestrales occupées par ceux qu’ils ont autrefois généreusement accueillis. Ainsi, Monsieur le Président, les véritables victimes de cette tragédie sont bien les Congolais, et non celles que vous prétendez être des victimes.
Malheureusement, c’est une réalité que vous, comme certains autres hommes politiques, intellectuels (comme l’avocat, activiste et imposteur kenyan Patrice Loch Otieno LUMUMBA) et journalistes (comme le journaliste camerounais congophobe et propagandiste du régime criminel de KAGAME, à savoir Louis Magloire KEMAYOU), refusez d’admettre à cause de votre ignorance de la vérité historique d’une part ; et d’autre part, à cause de la manipulation massive à l’échelle mondiale des Banya-Mulenge et des autorités rwandaises et de ceux qui les soutiennent pour des raisons évidentes.
Quel est cet État congolais qui, selon vous Monsieur le Président, ne les protège pas (contre qui ?), si à la tête de ce même État, l’un d’eux, c’est-à-dire un sujet rwandais à savoir alias Joseph KABILA, y est resté pendant 18 ans (janvier 2001 – janvier 2019) comme Président de la République et Commandant suprême des armées (FARDC) et de la Police nationale congolaise (PNC), sans oublier de préciser qu’ils avaient également un Vice-Président de la République, en la personne de RUBERWA Azarias ?
Actuellement, le Commandant en Chef de la Troisième Région Militaire de Défense de l’Armée Congolaise (FARDC) est le Général Pacifique MASUNZU, un Muanya-Mulenge, qui combat actuellement l’organisation terroriste M23 dans les villes occupées de Goma et Bukavu, et plus largement dans les deux régions du Nord-Kivu et du Sud-Kivu.
La réalité est plutôt que les Banyarwanda sont véritablement privilégiés en RD Congo.
Et il est ici question de vous rappeler, Monsieur le Président, qu’aucune de ses 450 tribus autochtones n’a jamais, dans l’histoire de la RD Congo, été aussi représentée au sein de ses institutions nationales, armée et police, que les Banyarwanda, pourtant une communauté allogénique.
En effet, durant les 18 années de pouvoir d’alias Joseph KABILA à ce jour, au nom des soi-disant accords de paix imposés à la RD Congo par la communauté internationale, dans le cadre de deux notions illégales et illégitimes dénommées : « Mixage et Brassage », la communauté Banyarwanda (de la RD Congo et du Rwanda) a pu à elle seule compter au sein de l’armée nationale congolaise (FARDC), sur un effectif total de 140 000 hommes, dont 25 généraux dont alias Joseph KABILA, 535 officiers supérieurs et sous-officiers, et environ 37 000 soldats. Il s’agit en réalité d’une deuxième Force de défense rwandaise (FDR), mais cette fois-ci au sein de l’armée congolaise (FARDC), plus importante que l´armée officielle du Rwanda (RDF), comptant près de 35 000 hommes. Est-ce là ce que vous appelez une discrimination ou une oppression envers une population en réalité privilégiée et d’origine étrangère ? C’est un véritable monde à l’envers que vous nous décrivez.
La Police nationale congolaise (PNC) a été pendant plusieurs années sous l’autorité de l’un d’eux, à savoir BISENGIMANA Charles, sans parler des autres services de sécurité et de renseignement, mais aussi d’autres institutions, la Banque centrale et les administrations contrôlées de fond en comble par eux seuls. Alors, de quelle protection voulez-vous parler à l’opinion publique africaine, Monsieur le Président ?
Compte tenu de ce qui précède, il convient de se demander de qui la prétendue Communauté internationale se moque en fin de compte. La réponse est, bien sûr, le peuple congolais.
Ainsi, accuser faussement l’État congolais et son peuple hospitalier de toutes ces absurdités constitue le comble de l’ingratitude de la part des Banyarwanda-Tutsis que vous appelez Banya-Mulenge. Sous l’impulsion du régime criminel rwandais de Kigali, ils sont d’éternels insatisfaits, exigeant sans cesse la barbe de Dieu en RD Congo sous des prétextes fallacieux et inexistants, en se faisant passer pour les victimes tout en tuant leurs hôtes. Et pendant ce temps, une certaine Communauté internationale les soutient et condamne la vraie victime, dans un monde à l´envers.
Monsieur le Président,
Nous sommes curieux de savoir comment vous auriez réagi lorsque vous étiez président de la République d’Afrique du Sud, si jamais une population d’origine étrangère que vous aviez accueillie sur le sol sud-africain, décidait en tuant des millions de vies humaines, en complicité active avec le gouvernement de son pays d’origine, d’occuper illégalement un morceau de terre au pied de la célèbre chaîne de montagnes du Drakensberg, d’en faire une enclave ou exclave exclusivement étrangère sur le sol sud-africain, en se proclamant de facto composante ethnique ou tribale de la République d’Afrique du Sud, en se donnant un nom fantaisiste tel que : Enfants/Gens du Drakensberg ? C’est exactement l’histoire de ce que vous appelez les Banya-Mulenge.
Nous supposons que vous n’auriez pas laissé cela se produire pendant 30 ans, sans assumer vos responsabilités et prendre les mesures nécessaires pour mettre fin à cette folie. Je suppose donc que vous n’auriez pas refusé aux Sud-Africains, natifs de ce lieu, victimes d’abominables atrocités et de l’usurpation de leurs terres ancestrales, leur droit de se défendre avec les moyens à leur disposition contre cette barbarie et cette injustice. C’est l’histoire de ce qu’on appelle les milices Maï-Maï. Les Maï-Maï ne sont que des membres de ces tribus autochtones congolaises composées des Bafulero, Babembe, Banyindu et Barega, victimes de cette usurpation sanglante de leurs terres ancestrales, organisées en groupes d’autodéfense pour s’en défendre.
Voici l’histoire de Mulenge, qui est en fait le nom de la colline où se trouvaient ces anciens réfugiés rwandais tutsis, effrayés, affamés et fuyant les exactions des nouveaux maîtres des lieux hutus, situés dans la province du Sud-Kivu, dans la terre ancestrale de la tribu Bafulero, en territoire de Fizi, sur les hauts plateaux du massif forestier d’Itombwe, couvrant également les territoires de Mwenga et d’Uvira.
Pour votre information, Monsieur le Président : Banya signifie Enfants ou Gens, Mulenge est le nom de la colline et de la zone où ils ont été accueillis comme indiqué ci-dessus. Mais il est inexplicable que la localité disputée de MINEMBWE, située à environ 250 km de la colline Mulenge dont ils se réclament originaires, soit au centre d’affrontements armés sanglants pour son contrôle entre, d’une part, ce que vous appelez les Maï-Maï ou tribus autochtones : Babembe, Bafulero, Banyindu, Barega ; et d’autre part, les milices Banya-Mulenge opérant depuis 2019 au sein d’une organisation armée jumelle comprenant GUMINO et Twirwaneho, en procédant ainsi à un nettoyage ethnique dans le territoire susmentionné.
Ce nom Banya-Mulenge est utilisé à mauvais escient pour manipuler et infiltrer complètement la RDC.
Monsieur le Président,
Ce terme inhabituel, sorti de nulle part et issu des « Banya-Mulenge », n’a rien à voir avec la liste des tribus du Congo héritées ni de la colonisation belge ni du Congo indépendant. Il s’agit plutôt d’une invention de 1977 – pour des raisons liées à sa communauté Banyarwanda – d’un ancien réfugié rwandais de 1959, devenu député national pendant la législature (1977-1982), nommé Frédéric GISARO Muhoza, père de l’actuel ministre chargé des Infrastructures et député national de la circonscription d’Uvira, en l’occurrence Alexis GISARO, qui est un Munya-Mulenge. Ce dernier, rappelons-le, était élu par tous les Congolais, quelle que soit leur tribu. C´est ça la discrimination ?
Malgré cela, le néologisme « Banya-Mulenge » qui est contesté comme inexistant par les Rwandais eux-mêmes (se référer au général James KABAREBE des Forces de Défense Rwandaises (RDF), qui exerce les fonctions de Ministre d’Etat à l’Intégration régionale au Ministère des Affaires étrangères lors d’une réunion à Kigali le 15 novembre 2012), a été découvert et connu pour la première fois par la majorité des Congolais et des Rwandais en 1996, lors de la guerre d’agression menée par le Rwanda et l’Ouganda sous le couvert de l’Alliance des Forces Démocratiques pour la Libération du Congo/Zaïre (AFDL), dirigée par le Président Laurent-Désiré KABILA d´heureuse mémoire. Les Rwandais, qu’ils soient Tutsis ou Hutus (y compris ceux du Burundi) de nationalité congolaise, sont et étaient en réalité appelés Banyarwanda.
Donc, appeler nos concitoyens Banya-Mulenge ou Tutsis congolais est absurde, car cela revient au même lorsque une personne appartenent à l´ethnie Shona, se faire passer pour un Sud-africain de souche. Or, nous savons tous que le peuple Shona, en tant que tribu ou groupe ethnique d’Afrique, appartient principalement au Zimbabwe (environ 85 %), mais aussi à la Zambie et au Mozambique. Un Shona, ou un groupe de Shonas, peut choisir de devenir citoyen sud-africain, mais sans pour autant avoir des origines en République d’Afrique du Sud, ni y posséder des terres ancestrales. Par conséquent, aucun Shona de pure souche ne peut prétendre être d’origine sud-africaine.
Le problème avec ce nom tout fait de « Banya-Mulenge » pour les Congolais réside dans le fait que toute personne appartenant au groupe ethnique tutsi du Rwanda, du Burundi, de l’Ouganda voire de la Tanzanie, ou à la rigueur, celle ayant vécu de génération en génération en RD du Congo, une fois entrée en terre congolaise, devient automatiquement un Manya-Mulenge et se proclame Congolais et revendique la nationalité congolaise. En fait, pour beaucoup d’entre eux, ils ont une citoyenneté congolaise à géométrie variable selon les circonstances qui leur sont favorables d’un pays à l’autre.
Le peuple de la République démocratique du Congo n’a jamais manifesté de haine envers aucune communauté étrangère vivant sur son sol, et encore moins envers les Banya-Mulenge. Tous, ou du moins ceux qui vivent loin de la politique et respectent les lois, l’intégrité territoriale et la souveraineté de la République démocratique du Congo, cohabitent en paix et en harmonie avec notre peuple.
Mais s’agissant des Banyarwanda (Tutsis), loin de toute idée de généralisation ou de stigmatisation, la plupart d’entre eux sont des suprémacistes qui veulent imposer leur hégémonie aux peuples bantous qu’ils considèrent, selon leur idéologie racialiste, comme inférieurs à eux, et qu’ils doivent dominer et gouverner comme c’est actuellement le cas au Rwanda et comme ce fut le cas par le passé au Burundi avec les Hutus (peuple bantou). Voilà la simple vérité !
The DR of Congo, although it has about 450 tribes, none of them benefits from any exceptionalism.
Monsieur le Président,
Tous les groupes ethniques ou tribus sont égaux devant la loi et sont censés la respecter. Pourquoi pensez-vous que la population d’origine rwandaise de nationalité congolaise devrait bénéficier d’un traitement de faveur ? S’agit-il d’une tentative d’assujettissement et d’imposition, ou d’une volonté d’instaurer en RD Congo le particularisme ethnique et l’ethnicité néfaste aux conséquences désastreuses que nous déplorons chez nos voisins de l’Est, notamment au Rwanda, avec leur antagonisme venimeux entre Hutus et Tutsis ?
Car vous nous racontez des choses que nous avons du mal à comprendre, car elles sont imaginaires et infondées, et ne correspondent en rien aux réalités sociopolitiques de la RD Congo, si ce n’est, par hasard, à la rhétorique hautement mensongère et falsificatrice de la vérité historique de vos amis criminels rwandais au pouvoir à Kigali, source par excellence de tous les problèmes de déstabilisation de la RD Congo et de toute la région des Grands Lacs africains.
Vous auriez plutôt dû dire à ces jeunes lors de votre discours : pourquoi l’honorable Parlement sud-africain vous a forcé à démissionner ?
Monsieur le Président,
Le peuple congolais et le Parlement sud-africain n’ignorent pas votre implication jusqu’au cou, en étroite collaboration avec le régime génocidaire et criminel de Paul Kagame, dans le pillage systématique des ressources minières de la RD Congo.
Rappelons que c’est notamment cette implication dans des affaires de fraude et de corruption à grande échelle qui vous a compromis et qui a contraint les députés sud-africains, mais surtout la majorité de vos propres camarades du Congrès national africain (ANC) en 2008, à vous destituer bien avant la fin de votre mandat présidentiel.
Les peuples africains, où qu’ils soient, se souviennent que c’est sous votre présidence qu’est né le terme xénophobie, qui a pris des proportions inquiétantes jusqu’à nos jours.
Monsieur le Président,
Nous pensons que vous êtes bien mal placé pour tenter de vous ériger en grand sage africain et donneur de leçons de solidarité contre la « haine ». Car, l’Afrique tout entière, comme le monde entier, n’ignore pas que l’Afrique du Sud, ce pays frère à l’hospitalité légendaire, a vu son image de marque ternie par ce nouveau phénomène de xénophobie, avec toutes les conséquences fâcheuses qui en découlent encore aujourd’hui, parfois, contre les Africains subsahariens, engendrées précisément par votre gouvernance particulière qui laissait beaucoup à désirer.
Enfin, Monsieur le Président, si votre célèbre expertise, si recherchée en matière de résolution des conflits en Afrique, se limite à des allégations aussi biaisées et infondées, et surtout dénotant une partialité déconcertante, eh bien, nous constatons malheureusement que vous l’avez vous-même dévalorisée. De ce fait, vous vous êtes discrédité aux yeux du peuple congolais et de nombreuses personnes de bon sens en Afrique et ailleurs dans le monde.
Pour conclure cette Lettre ouverte, je vous exhorte respectueusement, une fois de plus, Monsieur le Président, à cesser de propager des contre-vérités en Afrique et dans le monde, sur l´hospitalier peuple de la RD du Congo, par vos déclarations qui ont un impact certain sur nos opinions africaines en particulier, voire au-delà.
L’intégrité territoriale de la RD du Congo ne peut être ni vendue ni cédée par ses habitants, ni faire l’objet d’une quelconque négociation avec des usurpateurs et pilleurs venus du Rwanda, pour satisfaire leur égoïsme et leurs ambitions démesurées.
Enfin, si vous estimez que le ton que j’ai employé vous a offensé, que ma réaction est dénuée de légitimité ou que je m’obstine sur de faux arguments, je vous prie de faire preuve d’indulgence à mon égard.
Veuillez agréer, Monsieur le Président, l’expression de ma plus haute considération.
Stockholm, le 22 mai 2025
Pépin LULENDO