Opinion : La démocratie occidentale s’accorde-t-elle aux réalités africaines ?

Opinion : La démocratie occidentale s’accorde-t-elle aux réalités africaines ?
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Bonjour jeune frère,

Excuse-nous d’être direct. Nous souhaiterions avoir ton avis, toi qui as étudié les Sciences Po, sur notre approche de la démocratie, de la démocratie bien sûr à l’occidentale dans la sphère politique africaine. A-t-elle apporté la bonne gouvernance dans notre pays, l’État de droit, les libertés qui défient même le bon sens et la morale qu’elle est censée véhiculer ? Ou que c’est le refus de la conceptrice, l’humanité elle-même, de se conformer à ses propres principes ? Et pourquoi l’aurait-elle alors préconisé et imposé à d’autres peuples dominés du monde ? Se pourrait-il qu’elle ne réponde pas à aucune des questions posées, à notre avis, dans la mesure où elle se retrouve dans un milieu non propice à son épanouissement, inadéquat pour pouvoir atteindre ses objectifs et contraignant par-dessus tout ?

Le narratif qui rejette l’échec de la démocratie en Afrique en jetant son opprobre sur la responsabilité humaine, ne s’expliquerait-il pas aussi par le déni propre de certains Africains de leurs propres valeurs, conséquemment à l’acculturation dont ils ont été victimes des siècles durant et qui a suscité par ailleurs de la paresse intellectuelle à l’ère de la vérité et de la libre circulation de l’information ?

Nous laissons au scientifique que tu es l’étymologie du mot, toi qui as l’obligation de suivre le schéma de la recherche scientifique et les citations des professeurs émérites, liées à ce modèle dominant de la gestion politique d’un État, dans son évolution à travers le temps et dans ses contradictions dans le vécu quotidien, en vue d’évaluer le caractère scientifique de ton travail. Pour la simple raison que ce papier n’est pas une thèse scientifique, mais une simple et petite réflexion de quelques pages seulement sur un modèle de gestion politique qui semble, à notre avis, décadent, désuet et inadapté aux réalités africaines. Aussi, convaincu que le sujet a certainement déjà été traité, essayons-nous de vulgariser notre pensée en vue contribuer le cas échéant au débat que nous souhaitons de tout cœur.

Comme nous l’avons laissé entendre ci-haut, nous ne croyons pas comme disent certains que la démocratie occidentale est un bon modèle de gestion de l’État, mais que ce sont les hommes et les femmes politiques qui en abusent. Nous disons non, parce qu’elle est la seule existante et dominante de nos jours, et que par paresse, nous nous contentons sans discernement d’accepter un système politique que nous n’avons pas conçu et à travers lequel l’on ne voit pas le bout du tunnel dans son exercice. Bon, on comprend qu’elle avait été imposée. Et maintenant ? À y voir de près, le capitalisme et ses corollaires que sont notamment : privatisation, libéralisme, déréglementation, la globalisation néolibérale en un mot, à travers la démocratie qui semble suggérer le socle d’une bonne gestion de l’État, a balayé le socialisme qui voulait apporter un brin d’humanité dans le concept et qui n’existe plus que dans la lettre ; car, on a du mal à trouver dans un gouvernement socialiste d’aujourd’hui une gestion différente du capitalisme. Le communisme, à son tour, est devenu l’ombre de lui-même en ayant échoué dans la gestion politique de l’État, où selon la propagande, les peuples semblaient détenir le pouvoir. Que ce soit le capitalisme, puisque le socialisme est dilué dans le premier cité, ou le communisme, les deux doctrines correspondent à la mentalité et aux moeurs de ceux qui les ont créés et pêchent par leur extrémísme : le premier par la concentration du pouvoir économique par une poignée d’individus et le second, par celle de la confiscation des richesses par les prolétaires. Finalement, la bourgeoisie, grâce à l’échec du communisme d’aboutir à ses aspirations profondes dont la dictature du prolétariat, renaît sous la forme oligarchique, sur les cendres du rejet de la dialectique. La théorie communiste, en somme, a semblé être une lecture et une interprétation biaisées des sociétés africaines traditionnelles, et a échoué vraisemblablement par défaut d’adéquation aux mœurs occidentales, tout comme l’est la démocratie dans le monde africain. L’effort du changement a été louable, mais vain au regard d’un peuple incapable de bannir ses instincts primitifs.

Une démocratie importée totalement incompatible à la conception africaine du pouvoir.

Nous disons encore non, parce que nous croyons plutôt que cette démocratie importée et imposée étant elle-même inadaptée à l’environnement politico-économique et socioculturelle africaine comme nous l’avons dit, il s’ensuit naturellement qu’elle engendre des dirigeants dont les actions reflètent l’origine du comportement qu’ils ont hérité. Aussi faisons-nous le constat que l’argument qui prévaut sur la réussite de la démocratie en Occident est un leurre.

De prime abord, nous avons la conviction que la démocratie a été conçue par un peuple qui n’avait presque plus le souvenir de ses liens tribaux ou ethniques, si elle n’a pas contribué à son effacement, et elle a introduit par cet effet, de nos jours, le concept de la majorité-minorité totalement inconnu dans le paysage africain ainsi qu’en aval les germes de division par la classification des grands groupes humains parmi les tribus et ethnies africaines : hamites, nilotiques, soudanais, bantus etc., et qu’ils instrumentalisent aujourd’hui pour susciter des rancoeurs et des guerres ; les germes de la corruption de notre société par l’exaltation publique et arrogante de la richesse et du moi, le clientélisme, chose possible que dans une société foncièrement individualiste et pauvre, car les sociétés africaines traditionnelles n’en connaissaient pas, étant riches et solidaires; les germes de l’opposition négative dans la politique que tu pourras apprécier lorsque nous ferons allusion aux comportements politiques plus bas ; les germes des guerres fratricides récurrentes puisque les négociations sur un conflit se basent sur les rapports de force et non de justice et de vérité.

Ainsi l’implosion des structures tribales et ethniques qui sont bien entendu liées à la possession des terres – encore actuelles en Afrique – ont disparu à cause de la barbarie en Occident, et le modèle médiéval a pris le dessus. Nous ne devrions pas oublier que le nomadisme a contribué à l’accaparement des terres par les plus forts puisque les terres n’appartenaient à personne avant leur sédentarisation. Ce bouleversement a conduit à l’essor du phénomène des conquêtes que veulent singer sans discernement certains africains. Or malgré le découpage européen de l’Afrique, chaque tribu dispose toujours des terres, qu’elle se retrouve de l’autre côté du fleuve Congo ou non. A quoi rime alors des guerres de conquête entre Africains si ce n’est que pour s’auto-détruire, s’affaiblir davantage devant le vrai ennemi qui en profite pour s’approprier la richesse commune africaine à l’exemple de la politique rwandaise sur la RD Congo – on ne cessera de le dire – et de certains pays de la Communauté économique des États de l´Afrique de l´Ouest (CEDEAO) sur la tentative de déstabiliser le Niger sur la base d’une démocratie imposable à tous les pays africains mais qui a pourtant lamentablement échoué dans sa propre sphère ?

Si la démocratie est le meilleur concept de gestion de la chose publique et des hommes, pourquoi les pays occidentaux ont-ils collaboré en RD Congo à l’assassinat de M. Lumumba, qui a été pourtant élu dans une élection organisée par le pouvoir colonial ? Pourquoi les démocraties occidentales ont-elles soutenu la présidence irresponsable de M. Kasa Vubu qui ne faisait que demettre des Premiers ministres issus de la majorité parlementaire ou non ?  Pourquoi ont-ils soutenu des coups d’Etat et des sécessions chez nous ? La démocratie serait-elle bonne pour les uns et mauvaise pour les autres ? Est-il approprié d’employer ce terme célèbre de deux poids deux mesures ? Ou que seulement, si on observe bien, la démocratie n’existe que de propagande ? Est-ce vraiment le peuple qui dirige dans un État démocratique à travers ses représentants ? Le seul fait d’imposer la démocratie dans d’autres foyers de culture comme en Afrique par exemple, détruit à la base le fondement même du concept et de la liberté humaine. À moins de dénier cette liberté aux peuples africains, ce qui malheureusement a été le cas. Nous ne tentons pas d’alléguer ici que notre rejet de la démocratie occidentale procède de son imposition dans le monde africain, quand bien même elle pourrait constituer une des raisons, non ; notre préoccupation est ailleurs. L’universalité de la démocratie dont on nous rabat les oreilles n’est rien d’autre qu’une tentative réussie d’imposition des pensées européennes sur des valeurs africaines, un rejet de l’autonomie et de la gestion endogène des peuples d’Afrique pour des raisons connues de tous.

Située aux antipodes des valeurs spirituelles, morales et éthiques africaines.

Ainsi donc, si d’une part, après des guerres despotiques et inutiles d’agression et d’occupation, d’oppression, d’esclavage et d’extinction pure et simple de groupes ethniques avec tout ce qui est associé à leurs cultures respectives comme les langues, la structure familiale résiste encore contre, par exemple, l’ouragan propagandiste de l’homosexualité, c’est naturellement parce qu’elle contribue à la perpétuation de la vie, partant de cette même homosexualité – il faut des partenaires – et à la pédophilie. On comprend alors aisément en passant que les homosexuels et les pédophiles considèrent les hétérosexuels comme une source vitale du maintien de leur “sexualité ”. De grands penseurs grecs en parlent, et des fresques qu’on ne peut montrer ici témoignent dans l’Europe antique de cette pratique. On n’a qu’à visiter certains musées ; la structure familiale est tolérée aussi par un fait naturel : on est tyran d’un peuple.

N’éludons pas en passant le fait que la religion avait quand-même contribué à l’atténuation des mœurs de ces peuples de l’Occident, si elle ne l’avait pas exacerbée, mais en vain. D’autre part, ces peuples d’Occident dépourvus de leurs cultures pour se fondre dans une pensée autoritariste et hégémoniste, suscitèrent avec le temps un concept dit démocratie qui était apparemment – il faudrait le reconnaître dans le contexte occidental – un antidote contre l’asphyxie des peuples. Par ailleurs, on ne pourrait pas éluder la possibilité que l’élite de la Grèce antique ait, de pure conscience, cherché à cacher la tyrannie dans le concept en vue de l’utiliser à sa guise comme un trompe-l’œil. Ce qui est toujours une tyrannie. Le procès de Socrate a apporté une lumière sur la réelle application de la démocratie dans la cité grecque d’Athènes où la liberté était soumise à la philosophie de l’heure. En voulant se démarquer de la réflexion commune, Socrate s’était attiré les foudres de ceux qui craignaient pour leur pouvoir sur les masses et qui refusaient aux autres le droit à l’autodétermination intellectuelle.

Aussi la démocratie hellène, puis romaine, anglaise et française plus tard selon l’évolution des mentalités, a-t-elle été la résultante à l’origine d’une carence spirituelle. L’étude des panthéons grecs en dit long sur les agissements des divinités grecques où s’alternent la jalousie, l’intrigue politique, la vengeance, le parti pris, la colère, l’amour, la tyrannie, la guerre entre les divinités … tout cela directement lié à l’homme que l’on punit ou élève ou à la femme mariée vers laquelle le penchant sexuel de dieu se dévoile. Cette dépravation au niveau de la divinité peut bien expliquer l’influence qu’elle génère sur la vision arrogante et destructrice des hommes et femmes de leur univers.

Malheureusement les nouvelles religions monothéistes orientales, à l’aube de leur découverte de l’unicité de Dieu lui ont affublé des attributs majeurs de leurs anciens dieux polythéistes : Dieu jaloux, Dieu guerrier, Dieu haineux, Dieu partisan, Dieu conquérant, etc.

La déficience spirituelle explique aussi le comportement méchant et destructeur de la horde d´Européens qui se sont rabattus sur les terres des Amérindiens d’Amérique et des Aborigènes  d’Australie, en les massacrant et en s’accaparant de leurs biens pour prendre cet exemple quelque peu récent de la barbarie occidentale, sans parler de plus de dix millions de morts dans notre pays sous l´administration du roi des Belges Léopold II et des millions d’autres à travers l’Afrique ; ces hommes, pour échapper à leur propre extinction, c’est-à-dire à la guerre fratricide dont ils sont si friands, n’avaient pas d’autre alternative que la démocratie.

On peut dire sans crainte d´être contredit que l’introduction de la démocratie aux États-Unis a été une bouée de sauvetage pour cette société pour un temps et pour la race blanche seulement. Et pourtant il y avait des siècles que les religions leur avaient prêché l’amour du prochain, et que dans cette exode massive des hommes de religion en faisaient aussi partie. Si nous disons que la société américaine avait échappé à sa propre destruction pour un temps, c’est parce que les symptômes d’une déflagration de ladite société se révèlent à travers l’oligarchie que la démocratie a su bien cacher, par la perte graduelle de sa puissance économique fondée sur sa domination politique et militaire depuis la dernière guerre occidentale de 1939 à 1945, par l’accumulation d´armes par sa population, par la montée conséquente en termes de puissance économique et militaire de quelques autres pays du monde, par le rejet de la morale vis-à-vis de soi et des tiers, par la dédollarisation progressive de l’économie mondiale mais aussi et surtout par l’émergence progressive et inéluctable d’un monde multipolaire que ses stratèges n’ont pas pu prévoir à ma connaissance et/ou qu’ils aient ignoré par autosatisfaction ou par négligence.

Si nous avons donné l’exemple des États-Unis d’Amérique, c’est parce qu’ils sont une grande puissance et la tête à penser de toutes ces nations européennes, par le biais de sa puissance militaire au sein de l’Organisation du Traité de l´Atlantique Nord (l´OTAN) et de sa puissance économique grâce à sa monnaie, le fameux dollar désormais en perte de vitesse, en leur laissant souffler un peu à travers la prédation qu’elles exercent sur les matières premières des nations africaines. La décadence des États-Unis d’Amérique sonnera le glas de l’hégémonie occidentale sur les nations africaines, même si les États africains peuvent compter sur leurs propres efforts pour s’émanciper avant le chaos occidental. Il va de soi que si les nations occidentales se livrent encore, en moins d’un siècle, dans une autre guerre fratricide, ce serait moralement juste que les Africains ne s’en mêlent pas. Il est temps que ces derniers – les Africains – imposent leur neutralité dans la destruction de l’humanité qu’engendre la guerre.

Et les nations occidentales dites démocratiques dont la stabilité économique repose sur la prédation de ressources des nations africaines, s’effriteront elles aussi grâce à l’échec de la démocratie dans leurs pays respectifs et au refus qu’elle soit exercée aussi dans des pays de prédation par la même oligarchie, puisqu’elle n’est que leurre, et surtout par la montée en puissance de la conscience historique des Africains. De là, on s’interroge : un pays est censé être démocratique vis-à-vis de soi-même ou plutôt au regard de l’autre ? En d’autres termes, quel est finalement le statut d’un pays dit démocratique qui agresse un autre ? Démocratique à l’intérieur et autoritariste et agresseur à l’extérieur ? La démocratie régnerait dans un pays et son peuple ou son élite decréterait la guerre de pillage et de génocide contre des paisibles citoyens d’un autre pays ? Qu’on nous présente un pays dit démocratique en Occident, qui ne soit tombé dans la bassesse de l’immoralité politique ou économique !

Les peuples d´Afrique et du monde vivent sous le diktat de l’oligarchie politico-financière.

Ceci nous fait croire que dans chaque dogme, concept ou idéologie se cache une essence spirituelle. Quand on crée par exemple un parti politique, par delà les textes qui les régissent et qui sont à quatre-vingt-dix pour cent bons, le ou les fondateurs du parti sont les seuls à savoir ce qu’ils veulent vraiment. Le pouvoir ? Certainement. Mais comment ? Par tous les moyens ou par vision politique ? Et comment compte-t-il l’exercer ? C’est cela l’essence spirituelle. Quelle en est donc celle de la démocratie ? À notre humble avis, à l’origine, on peut alléguer que ses précurseurs avaient de la bonne foi, voyant le chaos qui se déroulait sous leurs yeux par des revendications sociétales des populations qui mourraient de faim et de maladie, par des guerres incessantes et par des répressions des despotes qui s’étaient accaparés de toutes les richesses.

Mais après, les soi-disant représentants des peuples en avaient profité pour s’emparer des biens communs. Mais peut-on dire que la donne a changé de nos jours ? Un simple coup d’oeil fait remarquer que la démocratie est utilisée dans la sphère qui l’a vu naître de nos jours comme un outil de despotisme quand on est au pouvoir, de justice quand on le perd et rarement pendant son exercice, à l’exemple de ce qui se passe aux États-Unis présentement ; un instrument de népotisme dans le cas français où sans l’aval du parlement et contre le refus du peuple, la réforme de la retraite a contre vents et marées été introduite, arguant le plébiscite électoral et reniant l’esprit du fameux article 49.3 (1) que M. Asselineau François, président d’un parti politique français d’opposition, UPR, explique ici – https://www.youtube.com/watch?v=7y1lT Cf7zkE, l’oligarchie par delà ses représentants au pouvoir restant la seule interprète des lois – ou que l’adoption du traité de Maastricht malgré le non référendaire ; c’est aussi un socle d’injustice dans les monarchies constitutionnelles européennes où certains monarques ne paient pas d’impôt et jouissent de nombreux avantages alors que l’ouvrier avec ses maigres moyens le fait, lui ; elle est le prétexte qui permet au pouvoir occidental de s’immiscer dans les affaires des États africains tant qu’elle est d’essence occidentale et qu’elle a été imposé ; en définitive, la démocratie est une création de la bourgeoisie, de nos jours de l’oligarchie, qui s’empare du pouvoir et façonne le paysage politique à sa guise, à travers un capitalisme exercé selon la définition de Karl Marx.

L’accession plus ou moins significative à l’emploi, à la nourriture, à l’éducation, aux soins de santé aujourd’hui périclitant selon les propres dires des élites européennes de certains pays, etc. que nous louons dans le chef des pays occidentaux par rapport à nos États africains, ne sont pas les acquis de la démocratie, mais plutôt un droit inhérent à l’homme, car la tyrannie peut bien s’exercer quand bien même ces besoins sont assouvis. N’était-il pas le cas de l’Allemagne nazie ? Seulement elle ? Qu’on nous cite un seul ouvrage où un explorateur européen nous relate des passages de famine dans les contrées africaines qu’il sillonnait. L’Afrique traditionnelle n’avait-elle pas sa propre pharmacopée que la médecine d’aujourd’hui recommence à y recourir ? Les droits des humains se limiteraient-ils à ces besoins primaires ou au respect strict de la volonté des peuples selon la définition de ce concept ?

Les élus affranchis par des électeurs se moquent de ces derniers, prétextant que la masse ne comprend rien aux enjeux, sans pour autant les avoir expliqué ces enjeux, et s’en font qu’à leurs têtes. Ce portrait lamentable s’est déjà dessiné dans beaucoup de pays africains, malheureusement. On constate finalement que la barbarie ne s’est jamais dépouillée de ses hardes, mais qu’elle s’est seulement enveloppée d’un bel habit opaque de “civilisation”. Oui, laisse-nous le redire en substance : l’échec de la démocratie en occident relève de la concentration du pouvoir économique par un groupe d’individus qui s’est constitué en une caste que les Occidentaux eux-mêmes qualifient d’oligarchie, et cette oligarchie se moque des règles du concept pour sa propre satisfaction ; si la démocratie a échoué en Occident dans son propre monde d’éclosion, comment peut-elle prospérer en Afrique ?

Le concept démocratie en lui-même ne vaut rien sans son auteur, c’est-a-dire l’homme, et si le concepteur ne se soumet pas à la rigueur de sa propre réflexion ou que personne ne le respecte, le concept a vécu. C’est cela l’échec fondamental. On se doit d’extraire dans la conscience collective africaine que l’intelligence africaine se limite au copier-coller des réalités étrangères, unilatéralement décrétées universelles. Même si l’oligarchie est la nouvelle terminologie de la noblesse, de la suzeraineté, de l’aristocratie, de la bourgeoisie dans les siècles passés, on a donc cherché à cacher cet égoïsme sordide, cette manipulation démentielle, cette accumulation maladive de richesses entre les mains d’une minorité honteuse qu’on en jouit pas dans la tombe, comme nous l’avons dit plus haut, dans le concept démocratie que les anciens grecs eux-mêmes ne respectaient pas non plus. Mais le temps a eu raison de ce subterfuge. Et voici ce qui se passe en réalité quand nous pensons être libres dans notre monde dit démocratique, je cite : “La manipulation consciente et intelligente des actions et des opinions des masses est un élément important dans une société démocratique. Ceux qui manipulent ce mécanisme invisible de la société, constituent un gouvernement invisible qui est le vrai pouvoir dans notre pays. Nous sommes gouvernés, nos esprits sont formés, nos goûts éduqués, nos idées suggérées, en grande partie par des hommes dont nous n’avons jamais entendu parler”(1).

Voilà! Cette perspicace analyse, à notre entendement, dévoile à la fois l’échec et la victoire de la démocratie : l’échec de la démocratie est aussi, à juste titre, la victoire en fait de l’oligarchie qui a réussi à imposer aux nations du monde un concept qui cache sa malicieuse tyrannie et dont elle en tire profit à la barbe des peuples. C’est pourquoi nous allons sans états d’âme, dans les lignes qui suivent, proposer un autre modèle de gestion qui saura sortir les Africains du système vicieux de la démocratie dont le capitalisme pur et dur est le pilier central. Car il nous semble illusoire et vain de croire qu’on peut vaincre l’oligarchie dissimulée dans la démocratie à l’aide de ses propres prémisses, qui se métamorphosent au gré de leurs intérêts face aux acquis des libertés des peuples pour les maintenir toujours dans la précarité, pire dans la misère. Il faudrait tout simplement s’en éloigner comme le choléra.

                                                                       En Afrique

Mais qu’en était-il en Afrique ? Nous allons prendre l’exemple de deux nations, le royaume Kongo au XVème siècle de notre ère qui, pour la première fois, rencontra les étrangers de race blanche pour finir avec l’Empire égyptien dans la plus ancienne antiquité. Les historiens européens, bien entendu, nous disent qu’ils avaient trouvé un royaume prospère, avec des infrastructures qui n’avaient rien à envier aux royaumes européens de même époque, une administration bien établie depuis des siècles, une logique des successions au pouvoir admise, une société qui n’attendait rien de qui que ce soit, se suffisant à elle-même.

Le royaume Kongo était en fait une nation qui regroupait plusieurs tribus et ethnies en son sein, répertoriées dans au moins trois pays d’Afrique centrale, avec une superficie qui avoisinait celles des royaumes d’Europe. Qu’il ait eu des troubles au sein du royaume ou des guerres avec d’autres royaumes plus petits comme celui des guerriers Yaka ou Teke que nous rapportent ces mêmes historiens européens et le souvenir traditionnel, il n’en demeure pas moins que son déclin commence après l’accueil chaleureux et pacifique des étrangers blancs venus dans le royaume. L’établissement de ces marins portugais sur le sol Kongo sonna le glas de l’indépendance du royaume à cause de la barbarie intrinsèque que chaque marin possédait dans son être. La religion étrangère, dont le clergé dirigeait d’une main de fer certains royaumes de l’époque en Europe, n’aida pas outre mesure et exacerba la tension puisqu’elle s’opposait à la spiritualité africaine millénaire par son prosélytisme. Le seul cas de Kimpa Vita prouve à quel point le sentiment national Kongo avait été foulé aux pieds. Car à cette époque, le christianisme trônait déjà dans la famille royale Kongo.

On voit qu’en parcourant leur littérature, les chercheurs portugais et autres aventuriers s’étaient évertués d’assimiler la notabilité africaine, respectueuse des principes de la morale et des traditions, à la noblesse européenne répressive, propriétaire exclusive des terres et richesses de leurs pays respectifs. Cette sorte de littérature a forgé dans le conscient congolais, dans la majorité écrasante du peuple, le syndrome du peuple dominé, dans la mesure où son passé a été balayé, vilipendé et diabolisé et que seule la version des faits du vainqueur a prédominé. Même si l’écriture a fait défaut – une défaillance de nos jours –, l’échec de la destruction de nos tribus et ethnies a permis la sauvegarde de nos traditions, de notre culture en latence, qui s’est perpétuée par le même procédé de l’oralité, à travers nos mémorialistes.

La défaillance scripturale qui semble nous discréditer, nous avilir, n’en a été qu’une seulement par le contact avec l’étranger ; dans le cercle de la société dite traditionnelle au sein du royaume Kongo, la question ne se posait pas ; chacun pouvait décliner la chaîne de son arbre généalogique plusieurs générations avant lui. Est-ce le cas aujourd’hui ? L’oralité ou l’absence de l’écriture – non graphique et plastique –  dans le royaume Kongo dénotait de l’amour et une puissante confiance en son prochain par la parole donnée à l’opposé des ordres émis, des contrats signés ou des accords passés que personne n’a respecté dans le monde occidental à la même époque et ne respecte pas non plus de nos jours. Ce qui vaut d´être assimilé à un manque de sérieux caractériel de dans leur chef.

On s’est aussi aperçu que de tous les temps, c’est l’homme blanc qui visite le continent des Noirs ; la seule fois où le Noir a rendu visite au continent européen, il était vide, inhabité, la race blanche n’existait pas encore ; mais quand elle fit son apparition, ce fut une horde de sauvages qui ravageait tout sur son passage. Ainsi, l’homme blanc rendit-il visite au royaume africain d’Égypte antique plusieurs millénaires avant le royaume Kongo où il y apprit les mathematiques, la médecine… Ce fut le même accueil chaleureux et pacifique et, même si l’homme blanc cachait sa barbarie faute de pouvoir influer d’une façon ou d’une autre sur la plus puissante société de l’époque. Mais quand il le put, malgré les leçons de morale diffusées par le rayonnement de l’Égypte, les Hyksos envahirent la basse Égypte et l’occupèrent pendant un certain temps. Les documents historiques révèlent la cruauté des occupants envers les populations d’Égypte. Une similitude frappante avec la cruauté dont les tribus et ethnies du Congo d’aujourd’hui subirent de la part des sbires de Léopold II de Belgique ou les Herero en Namibie de la part ceux de Wilhelm II, souverain de Prusse et d’Allemagne, et un peu partout en Afrique.

Les Égyptiens se ressaisirent, reprirent le combat, chassèrent les envahisseurs et rétablirent leur souveraineté. Plus tard, l’empire des pharaons noirs connaîtra son déclin total à l’avènement d’Alexandre le Grand de Macédoine. L’empire aura duré plus de trois mille ans. Une performance qu’aucun royaume ou empire d’antiquité n’a réalisé, ayant été à l’origine de sa propre élévation.

Ce que nous essayons de souligner ici est le fait que ces deux exemples des royaumes et empires africains prospères se sont formés, et ont éte gérés sans la connaissance de la démocratie ni la présence ou l’appui de qui que ce soit, et encore moins d’un partenariat quelconque, à l’opposé des autres royaumes et empires christianisés et islamisés, dont le génie politique ou économique de l’Askia Mohamed Ier, par exemple, peut être attribué, de mauvaise foi, à la foi ou aux valeurs islamiques, ou encore cette sotte réplique de l’Africain quand on lui égrène la liste des Noirs inventeurs : y seraient-ils parvenus s’ils n’étaient pas aux États-Unis ou en Europe ?

L´interaction entre Africains et Occidentaux, comme facteur de développement.

Au contraire, c’est la présence de l’autre qui a enclenché son déclin. On ne voudrait pas dire par là que le Congo RD, par exemple, devrait se replier sur lui-même de nos jours, couper tout contact avec l’Occident en vue de se ressourcer en réfléchissant sur son futur, comme une fois la Chine l’a fait dans le contexte de l’époque, non ; et on ne voudrait pas non plus laisser croire que la RD Congo pourrait se développer sans le partenariat de la région citée. Sinon, on donnerait des ailes pour s’envoler stupidement vers le soleil et se brûler à ceux qui répètent à tue-tête que si l’Africain possède des matières premières, – cette attitude devenue viscérale chez les Africains, asphyxie tout raisonnement innovateur et confine le génie africain dans une incapacité scientifique chronique – l’Européen à l’industrie de transformation, qu’il faut évoluer, que le monde est devenu un village planétaire, et patati et patata, ce qui m’impose de reposer la question du Prof. Obenga à laquelle la réponse est connue de tout le monde, en ce qui concerne le village planétaire : qui en serait le chef ? Non, chaque pays est un village avec son chef dans l’espace planétaire, et grâce à son autonomie et à son indépendance, il sera en mesure de développer son village en accord avec sa culture.

En fait, la RD Congo, tout comme un autre pays africain, peut bien se développer sans l’Occident par la coopération intracontinentale. Une certaine critique africaine, pour des raisons qui lui sont propres, croit toujours fermement que notre épanouissement ne peut se passer de l’Occident, entre autres parce que ce dernier n’a pu se développer sans nous. En ce qui le concerne, certes,  mais à notre détriment, bien sûr. Et dans la mesure où nous nous alignons dans son paradigme de confrontation et de la recherche du leadership mondial. Une thématique obscure et inconnue de la sphère africaine traditionnelle, mais que néanmoins nous devons en tenir strictement compte pour notre souveraineté.

Nous pensons que cette attitude provient du concept de la “modernité”, un narratif occidental qui est enfoui dans nos têtes et qui nous permet de minimiser nos propres acquis et expériences pour ne réfléchir que selon ce paradigme occidental ; les terminologies  telles que : “ Pays en voie de développement, pays sous-développés, pays émergents et ainsi de suite” illustrent le phénomène etimposent à chaque pays africain ce modèle et créé par ce fait une course au développement qu’aucun pays africain de toute façon n’atteindra, – l’Occident y veille – pour éviter la concurrence ou plutôt l’effritement de leur économie. Ainsi pour se faire valoir, on doit à tout prix essayer de se conformer à cette échelle de valeurs en se disant sans discernement : c’est universel.

Il faudrait plutôt décoloniser notre mentalité africaine, en vue d´une vraie autonomie.

Lorsqu’on s’aligne sur ce narratif, s’asseoir à même le sol et manger avec ses mains devient une sauvagerie, une inculture et on n’en a honte. “On mange à table, toi, espèce de primitif. Il faut se tenir droit sur la chaise et utiliser la cuillère, le couteau de table et la fourchette”. Ce cliché est toujours d’actualité sous une autre forme. Au fait, qu’est-ce qui est important, remplir son ventre ou le remplir à l’aide d’outils ? Nos ancêtres puisaient-ils de la viande brûlante du fond de la marmite avec leurs mains nues ? Ce n’est donc pas se hisser au niveau des autres qui s’impose, mais plutôt son propre niveau de satisfaction. On n’essaie pas de se développer par rapport à l’autre mais par rapport à soi-même au regard de ses ressources et de ses capacités. Le contraire est une vision étrangère de guerre permanente qui nous a été imposée, une vision de domination, de l’aliénation, et de la peur de l’autre, une vision de l’intolérance, de la prédation et de la concurrence inutile et déloyale. L’enfant ne voit pas la beauté de la mère d’autrui, mais toujours celle de la sienne ; sa bouche collée au mamelon de sa génitrice, il vous regarde d’un air indifférent et semble dire : “Allez vous faire foutre, vous ne valez rien à mes yeux. Absolument rien”.

À ce stade de compréhension, le discours aliénant, rabâchant, sur la classification des pays africains, mieux sur leur degré de développement, ne signifie plus rien ; il cesse d’être un absolu, il reprend sa place dorénavant dans une vision consciente et paisible de chaque peuple, prélude à l’épanouissement de chaque pays africain grâce à ses moyens disponibles et à la solidarité africaine. Pourquoi ? Parce que, nous devons absolument le redire, le maître aura disparu avec ses manies de concurrence déloyale, de domination d’esprits faibles, de division des nations africaines, de guerres inutiles par proxy, de mensonges éhontés, de méchanceté gratuite, etc. Nous tenons à souligner pour clore ce chapitre que le partenariat n’est plus unilatéral, il est devenu multilatéral. Qu’il nous plaise de choisir lequel nous est bénéfique, lequel respecte nos valeurs africaines, lequel respecte notre souveraineté.

             Chefferies, royaumes et empires africains non islamisés ni christianisés

Maintenant que la conscience historique commence à retrouver sa place dans l’Afrique millénaire par des travaux incessants des chercheurs africains et bien d’autres occidentaux de bonne foi, il importe d’étudier les us et coutumes de nos chefferies, royaumes et empires.

D’emblée, on constate que la forme d’État s’apparente à une monarchie constitutionnelle de type occidental que nous connaissons tous ; il faudrait souligner d’emblée avant de continuer, que l’institutionnalisation d’une monarchie constitutionnelle en Occident a résulté d’une monarchie de droit divin : le tyran, après avoir pris le pouvoir, se déclare divin ; tandis que celle de l’Afrique de droit humain : c’est la confiance en une personnalité grâce à son savoir-faire et à son savoir-vivre au sein d’une famille, qui remontait vers le clan, puis la tribu ou l’ethnie et s’émancipait dans la conjugaison des autres tribus et ethnies pour arriver à former d’abord une chefferie et enfin un royaume. N’ayant pas pris le pouvoir par l’intrigue, par la force ou par la volonté divine, il va de soi que cette confiance pouvait lui être retirée au cas où son attitude laisserait à désirer. Ce qui a été le cas du pharaon Akhenaton quand il décida de bouleverser l’ordre établi de la prêtrise égyptienne. La grogne qui éclata au royaume Kongo illustre entre autres ce désaveu au roi Pedro IV, l’usurpateur. Nous ne parlons pas ici des nations africaines qui voguaient entre sa propre culture et les religions importées et estimons avoir établi une nette différence, d’une manière simple, quant à l’apparente similitude de deux formes de pouvoir entre les royaumes occidentaux et africains.

Quant à l’exercice proprement dit du pouvoir, la différence entre les deux monarchies constitutionnelles est déterminante dans la mesure où le Conseil des Sages que l’on peut symboliser en Europe par un Parlement, conseillait plutôt le roi gouvernant sur ses décisions pour l’intérêt collectif. Par contre, dans la monarchie constitutionnelle occidentale, cette disposition du roi régnant mais ne gouvernant pas, donne le loisir aux parlementaires de s’empoigner les uns les autres par souci d’intérêts nationaux certes, mais surtout partisans. C’est cela que nous appelons l’opposition négative. Elle est seulement possible dans la société dite moderne, en fait, occidentale, où se livre une bataille acharnée entre les patriotes qui, de plus en plus, perdent le terrain et les suppôts de l’oligarchie. L’opposition négative se caractérise par l’incapacité de l’opposition à contraindre un pouvoir dictatorial ou incompétent à la demission, et en appelle à des forces étrangères pour trouver une solution à sa place.

La plus sordide, la plus irresponsable de ces décisions politiques a été de demander des sanctions économiques contre la dictature, en fait contre son propre pays, tout en sachant que cela détruirait plutôt les populations déjà meurtries qu’elle, l’opposition, se targue de vouloir le bien-être. L’appel aux forces politiques étrangères pour la résolution d’un conflit politique interne par l’Opposition tout aussi bien que par le Pouvoir, expose dans une journée éblouissante de lumière la dépendance de nos pays par rapport aux pays occidentaux et par-dessus tout le manque de patriotisme dans le chef des hommes et femmes politiques africains. L’opposition négative dans la politique, c’est aussi le refus systématique, le rejet intentionnel, la mauvaise foi caractérisés contre une bonne action de la part de la partie adverse pour les populations.

Pour en revenir à cette bataille dans l’hémicycle, ces empoignades verbales ou physiques, visibles aussi dans nos parlements africains “modernes”, découlent de l’héritage d’une nouvelle société modelée selon les vues de l’Occident grâce à la fragmentation partielle de la société purement africaine. Ce qui est marrant, ce qu’au reproche en fait aux élus africains de ce comportement tout aussi compréhensible qu’indigne, – compréhensible, parce qu’ayant épousé l’esprit partisan occidental, et indigne parce que déshonorant –, les élus des peuples répliquent fièrement : “ Cela se passe aussi dans les parlements des pays européens, vous ne le voyez pas ?”.

La partisanerie occidentale que les peuples de l’Afrique en général et du Congolais en particulier a avalisé et mise à l’oeuvre grâce à l’aliénation culturelle et mentale, est le fruit à l’origine, nous l’avons déjà souligné, d’une société foncièrement individualiste par manque d’assez de ressources lié pour la plupart des cas au partage illégal de leurs maigres biens et aux conditions climatiques exécrables  – ce qui explique les expéditions vers d’autres contrées autre que l’Europe pour survivre –, et par l’accaparement sans doute des ressources naturelles africaines. Pour avoir une idée de l’inégalité honteuse qui sévit en Occident, et qui s’immisce petit à petit dans nos sociétés africaines, on a qu’à vérifier l’information qui nous parle de un pour cent des familles qui possèdent les richesses du monde ; et sachant que ces familles se retrouvent dans l’espace occidental, quel serait alors le pourcentage de ces familles au seul niveau européen ? La démocratie dans sa définition étymologique peut-elle permettre une telle inégalité si ce n’était pas que du vent ?

Puisque notre idéal de pensée est de revenir aux valeurs purement africaines de modèle de gestion de la Nation, le Congolais lui-même en constitue un obstacle de taille qu’il faudrait surmonter pour y arriver après plusieurs siècles d’esclavage : convaincre l’homme congolais que le recours aux valeurs ancestrales ne signifie pas retourner à l’âge de la pierre taillée ou polie ni bannir les relations hors continent et encore moins qu’il faille abandonner ses convictions religieuses importées et imposées ; le convaincre de sa personnalité propre de Congolais, d’Africain d’abord, avant d’être citoyen du monde ; le convaincre d’abandon d’acquis individualiste qu’il considère comme universel et du concepthypothétique du paradis ; le convaincre de ses propres capacités à prendre son destin en mains au lieu d’attendre son épanouissement de l’Européen ; le convaincre de sa propre humanité, de son histoire, de son passé glorieux en tant que homme noir.

Nous estimons que, pour secouer vigoureusement la léthargie du Congolais en particulier, et de l’Africain en général, à l’opposé de têtes bien pensantes africaines – honneur aux nobles âmes qui nous recommandent de ne pas se rabaisser à leur niveau mais … –, et pour contrer l’action néfaste de l’Occidental, l’utilisation de la même arme du complexe de supériorité que l’Occident a usé sur nos peuples pour les abrutir, pourra précipiter l’éveil des consciences. Le nôtre, complexe de supériorité s’entend, se basera sur la vérité historique que seulement l’esprit partisan voudra y trouver à redire, et non sur le déni de l’histoire du monde africain que l’Occident a cru pouvoir cacher indéfiniment. Se hissant au même niveau de dénégation de l’humanité de l’autre, les deux orgueils se confronteront, chaque culture sera encline à respecter celle de l’autre, chaque civilisation campera sur ses idéaux, ses intérêts ; alors l’échange ou le partenariat pourra être possible sur des bases saines. Car l’Occident a jusqu’à ce jour refusé de partager la science qu’il a développée, – transfert des technologies s’entend –, que pourtant nos ancêtres leur avaient léguée à travers les Grecs avant le déclin du leadership mondial noir en Égypte antique.

Cette prise de position légitime – externe et non interne –, à notre avis, est salutaire d’autant plus que pour l’Occident, la considération pour l’autre se mesure à l’épreuve de force. La confrontation que les Africains pourraient craindre, en faisant allusion sans la citer, à la puissance militaire occidentale est tout aussi légitime, mais sans fondement réel parce que seule la révolte affranchit l’esclave et que cette force nous écrase déjà. Or, l’Africain est totalement esclave depuis plus de quatre cents ans.

Il faudrait que nous arrivions à une évidence que l’Occident, malgré ses armes de destruction massive et sa méchanceté congénitale, n’arrivera jamais à rayer de la surface de la terre par ses bombes nucléaires et ses armes bio-chimiques l’humanité noire qu’il n’a pas créée. Car la Nature se charge de sa propre survie. Et si les Africains ne lui résistent pas, quelle est alors l’alternative ? Et pourquoi l’Afrique ne chercherait-elle pas à devenir tout aussi puissante ? Qui pouvait croire que le Japon survivrait après la déflagration des bombes atomiques à Nagasaki et à Hiroshima ? Qui peut prévoir un accident atomique dans les installations de leurs possesseurs comme le cas des réacteurs de Tchernobyl où l’on pensait que c’en était fini de la population européenne suite à ses radiations que le vent a dispersé à souhait ? Ou qu’un accident chimique ou bactériologique se déclare dans ces laboratoires de honte ? Qui pensait que l’URSS se disloquerait un jour ? Ou que la Russie se relèverait aussi rapidement de ses cendres ? Quel Occidental croirait aujourd’hui que l’Afrique demain sera grande et puissante ? Certains Africains doutent même de cette conviction. Pensait-on que la Chine serait une grande puissance après l’humiliation anglaise et japonaise ? Le Portugal n’avait-il pas été une grande puissance à son temps, de même que l’Espagne ?

Jeune frère, la thèse d’humanisme africain, qui a été longtemps le fondement de notre civilisation dans les deux royaumes africains cités plus haut, mais qui a paradoxalement contribué à l’esclavage de nos peuples et à son déclin,– parce que l’Africain aimait son prochain – que l’on évoque judicieusement pour faire la différence avec la barbarie étrangère ne devrait plus se concevoir devant justement la bestialité. L’humanisme est destiné à l’humanité, pas à l’animalité.

Les principes de la Maat qui régissaient les deux royaumes pris en exemple que le mouvement kamite souhaite revivifier dans la société africaine d’aujourd’hui ne seront possibles que dans la liberté totale de la politique, de l’économie et de la culture africaines authentiques. Nous croyons l’avoir déjà dit quelque part : il faut arriver à extirper de nos têtes l’occidental qui y trône royalement.

Pour revenir à notre thématique, déjà le terme démocratie nous envoie une vision étrangère de la gestion d’un État que l’on se doit d’abolir pour rasseoir la nôtre. Les esprits endoctrinés malgré eux, – colonisation, esclavage, clientelisme et depossession intellectuelle oblige –, ont du mal à accepter le dénouement vers lequel inexorablement l’Afrique devra aboutir, c’est-à-dire la restitution de la responsabilité des terres aux populations dont les chefs dits coutumiers sont représentants. Pourquoi ? Parce que nous constituons d’abord une Nation au sein de laquelle nous nous reconnaissons dans des clans, tribus ou ethnies, et non un État, qui est un régime ou un pouvoir derrière lequel se cache et s’échappe le fonctionnaire corrompu et traître. L’État devient ainsi une nébuleuse qui permet le bradage de nos terres et ce qui est en dessous sans l’aval et au détriment des populations propriétaires sous prétexte de plébiscite électoral ou de fallacieux intérêt supérieur de l’État. Quel est l’intérêt supérieur de la Nation en dépossédant les ayant-droits de leur patrimoine sans leur avis et contrepartie et en le cédant à des particuliers ou États étrangers qui n’ont aucune responsabilité dans le pays ?

Une refondation s’impose, puisque le pouvoir corrompu est la seule autorité à pouvoir commander un référendum populaire sur un sujet quelconque, pourquoi le ferait-il ? Qui voudrait se saborder ? Et si toute la classe politique est corrompue, comme on le voit souvent dans nombre de pays africains, qui serait le perdant alors ? Ne sont-ce pas les populations ? Bien des réflexions judicieuses évacueraient notre pensée par l’élément humain que nous avons soulevé d’ailleurs plus haut. Oui mais cela ne concernait qu’une certaine élite qui distille le poison de sa propre aliénation, pas le peuple en général qui embrasserait avec précipitation l’option de ses intérêts ; toutefois le texte est tout aussi vicié, puisqu’il permet la mainmise de l’oligarchie sur les ressources africaines. Les textes des lois constitutionnelles des pays africains sont rédigés selon la vision européenne de la gestion de la chose publique. Les textes des lois régissant les pays africains doivent s’imprégner plutôt profondément et totalement des réalités culturelles africaines, avant de consacrer des textes liés à la politique extérieure dans le strict respect de leur souveraineté.

Jeune frère, ne te méprends pas sur notre propos. Nous la renouvelons encore ici : nous ne cautionnons pas la pensée souvent répandue que la démocratie est une panacée et qu’il faudrait tout simplement l’ajuster à nos valeurs. Nous la récusons, elle est inadéquate. Et nous souhaitons que tu ne perdes pas de temps sur les notions de la démocratie occidentale désuète que nous abhorrons, mais que tu argumentes plutôt sur la faisabilité ou non de l’instauration d’un mode de gestion politique basé sur des valeurs authentiquement africaines et calqué sur le modèle des royaumes et empires africains ni islamisés ni christianisés.. Et là, tu feras oeuvre de chercheur que tu es.

De surcroît, on perçoit que la notion de Nation englobe et reconnaît les valeurs culturelles, tandis que celle de l’État les renie. Parce qu’il, l’Etat, a arraché les terres aux vrais propriétaires ; parce qu’elles, les tribus et ethnies, je veux dire leur existence, s’opposent à la démocratie occidentale. L’État, tel qu’il s’exerce, est propice aux réalités européennes du vide de ces valeurs culturelles. L‘État, c’est tout le monde, c’est-à-dire personne, puisque les terres appartiennent à personne. Aussi le haut fonctionnaire à qui le pouvoir est conféré peut en abuser. C’est la raison pour laquelle les politiques occidentales vis-à-vis de l’Afrique, s’articulent sur le déni de ces valeurs en essayant de les présenter comme un frein à la prospérité nationale. C’est tout à leur intérêt puisqu’ils veulent que leur vision s’impose à toute l’humanité. Or c’est l’inadaptation à la culture africaine qui en est la cause.

En Afrique, l’État, tel qu’il est exercé de nos jours, est la cause des bouleversements culturels et économiques. Parce que l’État peut tout, dispose de tout et ne représente nominalement personne.

C’est dans ce cadre que le tribalisme ou l’ethnisme fleurit dans nos États-nations. Toutes les terres du pays sont mises à sa disposition par le biais de ce modèle d’État que nous récusons, le dirigeant politique véreux et antipatriote doit en principe vouloir un soutien tribal ou ethnique dans le but de s’approprier le bien commun. Ce n’est donc point seulement une déformation de l’intellectualisme africain, mais aussi le système établi qui permet à l’homme ou à la femme politique d’être tribaliste.

Il est à noter aussi que la démocratie procède de la même façon en Occident par le clientélisme politique suite à la quasi disparition des tribus ou ethnies et s’installe dans la durée en Afrique par l’aide tous azimuts que les pays occidentaux octroient au nouveau dictateur africain issu de la démocratie des élections, en contrepartie de cession des ressources naturelles. Nous sommes enclins à croire que dans une nation souveraine empreinte des réalités africaines, le mot dictature tout autant que démocratie qui n’a pas d’équivalent dans notre langue maternelle, disparaîtra du contexte africain.

Ces mêmes esprits endoctrinés par la vision occidentale du monde – ils n’ont pas connu autre chose jusqu’à maintenant où la vérité historique remet la pendule à l’heure et qu’ils refusent ne fut-ce que d’y jeter un coup d’oeil par paresse, par souci de ne point voir son monde idéalisé s’effondrer d’un coup et aussi par souci de carrière professionnelle de conserver des fonctions internationales qui leur seront retirées s’ils osent remettre en cause la vision établie, et l’aliénation aidant –, redoute ou plutôt rechigne sur une monarchie en Afrique alors qu’ils louent celle de la Grande-Bretagne, de la Norvège, du Danemark, de la Hollande, de la Suède, de la Hollande et même de la Belgique, dont les richesses naturelles réunies n’arrivent pas à la cheville des ressources naturelles que disposent des pays africains, par exemple la RD Congo.

En fait, ce n’est point l’idée d’une monarchie, aussi constitutionnelle soit-elle, qui dérange, mais celle de voir dans la présente mentalité africaine de pouvoir et d’argent facile qu’il ne pourrait probablement pas être sa famille qui régnerait et gouvernerait. Cette disposition constitutionnelle lui enlèverait à jamais le rêve de pouvoir, comme président, jouir lui aussi comme ses prédécesseurs, du travail de tout un peuple. L’attitude, basse et vile, frise la jalousie gratuite, l’égoïsme et la méchanceté, commune de la plupart des dirigeants politiques africains qui croient détenir le monopole de l’épanouissement du pays qu’ils n’arrivent jamais à réaliser outre mesure, est complètement dénuée de sens dans la mesure où l’on devrait se poser cette simple question en amont : que recherchons-nous ? Le pouvoir pour soi ou le bien-être des populations ? Voilà l’attitude qui explique le foisonnement des partis politiques et la longue liste des prétendants à la magistrature suprême.

Malgré que la présente constitution exprime une nette différence entre les prérogatives du Premier ministre, responsable de la gestion du pays devant le peuple, et le Président de la République comme garant de la Nation, l’élite politique vend à la masse congolaise la vision que c’est le Président qui doit tout faire et en qui incombe la responsabilité de la gestion du pays. Est-ce à cause de son élection au suffrage universel direct ou au souvenir du régime présidentiel de la République du Zaïre ? N’est-ce pas là que l’honnêteté et le courage du Prof. NDAYWEL dans son avant-projet de constitution se dévoile quand il tente, il me semble, de matérialiser le souhait d’une partie de l’élite politique et le peuple qui y croit malheureusement en la réintroduction du régime présidentiel, mais à mandat unique en vue de lever l’équivoque ? Mais avec un monarque régnant, le nombre éléphantesque des partis politiques s’effritera de lui-même, parce, d’une part, ce projet de caresser la magistrature suprême dont chaque chef de huit cents partis politiques rêve n’existera plus ; ici il sied de souligner que la constitution de cette pléthore de chefs des partis politiques procède du clientélisme tribalo-politique.

La réalité politique congolaise dans ce système démocratique donne à chaque chef de parti  – même si ses membres sont constitués seulement de trois pelés et un tondu – la possibilité, s’étant rallié à un candidat à la Magistrature suprême qui a le vent en poupe, d’obtenir un poste politique, un poste politico-administratif ou tout moins un poste administratif après le triomphe de son favori. Dans tous les cas, l’effort n’a pas été vain au regard du taux de chômage. D’autre part, l’ambition revue à la baisse au niveau d’un gestionnaire national qu’on pourra toujours appelé Premier ministre mais qui ne jouit pas d’un suffrage universel direct et dont la fonction dépend des caprices des parlementaires, le nombre des partis politiques suivra la dynamique en se fusionnant pour créer un grand mouvement politique en vue d’acquérir la majorité conséquente pour pouvoir gérer et, dans le cas où le statu quo prévaudra, l’imbroglio d’union et de désunion parlementaire qui en résulterait, ne pourra pas ébranler l’institution royale, – le socle de la Nation – et, jusqu’à ce que la maturité politique et les grands ensembles politiques patriotes se définissent et s’installent dans la durée, le monarque devra dissoudre le Parlement si, à deux reprises, une crise gouvernementale persiste ; la constitution devra lui donner le pouvoir de nommer un chef de gouvernement de son choix jusqu’à la formation d’un nouveau gouvernement issu de nouvelles élections.

Nous avons parlé des élections pour la raison que nous sommes devenus une grande nation, c’est-à-dire une association de grands ensembles ethniques à forte démographie. Il semble que nous ne proposons rien de nouveau, les dispositions de dissolution du parlement se retrouvant dans la constitution de 2006. Oui, mais en ce qui concerne notre propos, de un, le chef de la Nation congolaise est un(e) monarque, dans une constitution élaborée selon la culture nationale par une Assemblée Constituante après la prise de pouvoir par des patriotes ; de deux, rien n’est prévu dans le cas d’une telle crise politique continue dans le présent texte constitutif, parce qu’il est de notoriété publique que personne de nos jours ne voudra créer une telle crise dans cette mentalité qui considère la politique comme une profession de carrière à part entière, grâce aux facilités que nombre de pays africains accordent aux politiques. 

Qui voudra perdre sa fonction au regard du pourcentage élevé du chômage en RD Congo et de nulle contrainte de retraite dans la politique ? C’est la raison pour laquelle la démission est presque nulle dans notre pays. En plus, on croit avoir réussi dans la politique parce qu’on a été ministre, député, sénateur ou autre fonction politique. Ainsi confond-on la réussite professionnelle à la réussite politique qui, elle, ne se résume pas à un poste politique. La réussite politique est le triomphe de son idéal de pensée politique pour le développement de son pays et pour l’émancipation, le bien-être de son peuple quand bien même on ne serait pas un élu du peuple. Quand on a occupé une fonction politique, si petite soit-elle, et que personne ne reconnaît tes actions par des faits saillants, palpables et réellement bénéfiques aux populations nationales ou locales, pas d’artifices, on a échoué politiquement.  

On aura certainement réussi comme individu, c’est-a-dire professionnellement, cela va de soi, puisqu’on a été un haut fonctionnaire de l’Etat. L’artifice, c’est quand l’homme politique en prévision d’une campagne électorale future anticipe sur une réalisation quelconque sur son fief, et le justifie par après comme une preuve de son sens patriotique et de sa réussite politique. L’intellectuel politique n’a pas besoin d’un poste politique, ses idéaux transforment le paysage politique et, dans un pays libre, triomphent à travers les acteurs politiques sur le terrain. De trois, le ou la monarque ne sera pas élu(e) mais choisi(e) sous le régime des patriotes issu du Coup d’État révolutionnaire ou de la Révolution populaire(2). Ce qui donnerait le gage d’une certaine indépendance de ce dernier vis-à-vis de l’influence extérieure que nous subissons inexorablement aujourd’hui. D’une manière simple, le monarque n’aura pas à sillonner les capitales occidentales en quête d’un soutien politique aliénable que nous déplorons aujourd’hui dans le concert des nations africaines.

De ce qui précède, notre souci est clairement défini : l’apologie d’une forme de l’État autre que celle que nous avait imposée l’Occident par un constat que la monarchie constitutionnelle en Afrique avait bel et bien fonctionné jusqu’à l’arrivée des blancs, et qu’il vaudrait mieux que nous revenions à l’expérience de nos ancêtres. Ce n’est point de l’anachronisme, c’est une expérience que nous n’avions pas rejeté par obsolescence mais qu’il nous a plutôt été arraché par absolutisme. La monarchie africaine, à notre avis, permettrait la sauvegarde de nos patrimoines culturels que sont nos tribus, nos ethnies et nos terres enviées dans lesquelles nos us et coutumes se meuvent allègrement et aussi par la liberté de l’enseignement et de la pratique de la Maât, comme d’autres mouvements religieux, que l’intrusion étrangère avait presque confiné dans l’oubli et diabolisé. Nous avons dit ”la liberté de l’enseignement et de la pratique de la Maât”, parce que la spiritualité africaine est combattue par les représentants des religions étrangères imposées.

Le cas le plus médiatisé est celui du doyen Doumbi Fakoly, l’écrivain sénégalo-malien. Or ce patrimoine culturel qu’est la spiritualité africaine, a été le fondement de notre résistance spirituelle à l’idéologie religieuse étrangère qui a surtout ravagé dans le rang des soi-disants universitaires hypocrites qui, par souci de complaire aux maîtres, récusent les pratiques ancestrales mais qui les appliquent néanmoins quand il va se marier ou donner sa fille en mariage, quand il loue la tradition qui lui donne, à lui l’homme, le droit à l’infidélité et à la polygamie, tout comme les religions importées d’ailleurs et non pas à la femme.

Toujours par souci de montrer aux idéologues à quel degré ils sont associés à leur cause, ils glorifient les ancêtres des autres tout en exécrant les leurs propres ; ils se précipitent dans les loges initiatiques des gourous étrangers tout en méprisant les loges africaines, les diabolisant pour cause de sorcellerie, disent-ils. Qu’est-ce qu’est la sorcellerie, en somme ? D’une manière simple, c’est la science naturelle, ésotérique et occulte réunie pour causer du tort à l’humanité. Tout celui qui cause du mal à autrui est un sorcier en puissance. Confiné dans un laboratoire pour cultiver des germes qui détruiront la vie des humains, vous êtes un sorcier en puissance. D’une part, de toute l’histoire de l’humanité, quelle est cette frange de la communauté des humains a le plus causé du tort à l’humanité ? D’autre part, lequel des dirigeants africains, membres de ces confréries, a changé le paysage politico-socio-économique de son pays ? Il ne le peut pas par raison de culture, des mœurs des pays d’origine de ces loges et de sa propre dépendance à l’égard des gourous.

Aussi, l’adepte des loges occidentales qui sont censés véhiculer le bonheur aux quatre coins de la planète, les exemples sont légion, a plutôt détruit ce qui existait ; ne dirait-on pas que la sorcellerie sourd plutôt des pores de ces confréries ? Si la culture des Africains, disons mieux pour une compréhension sans équivoque, si les loges initiatiques africaines n’a de base que la sorcellerie maléfique, c’est-à-dire l’exaltation et la pratique du mal, la destruction de l’humanité, pourquoi ses royaumes et empires ont-ils été prospères des centaines d’années avant la rencontre avec d’autres races et que leur déclin a découlé de cette rencontre justement ? Les manifestations de la sorcellerie familiales ou extra familiales dont parle l’homme de la rue, et que les religions révélées n’arrivent pas à réduire l’influence mais plutôt à exacerber la pratique avec le phénomène “enfant sorcier”, expliquent de nos jours les conséquences liées au démembrement de notre société dite traditionnelle.

L’on sait que l’Afrique était une société initiatique et qu’elle savait comment combattre ces malfaiteurs, mais hélas, la perte de son indépendance a bouleversé sa société. Comment peut-on parler de sorcellerie quand les maisons initiatiques africaines ont appris les mathématiques au grec Thalès et aux autres qui ont révolutionné le monde ? En fait, le sorcier est un initié de la science initiatique africaine basée sur le développement de l’espèce humaine, dont il s’en éloigne pour besoins de malveillance. C’est ainsi que nos aînés, devant un comportement totalement dénué de morale et de bon sens, pouvaient dire :  “Mwana oyo azangi ndoki te”(3). Ce n’est pas que l’enfant était sorcier en réalité, mais seulement parce qu’un tel comportement ne pouvait venir que d’un déséquilibré. Avant de refermer cette triste page d’aliénation des Africains, le devoir nous impose, pour éviter un débat inutile, de dire que la sorcellerie existe dans toutes les sociétés du monde, et que c’est un choix personnel de la destruction de l’humanité.

En conclusion, nous avons dit ci-haut que l’Afrique y gagnerait beaucoup dans la restauration de la monarchie traditionnelle africaine. Car elle s’opposerait aux bradages de nos ressources du sol et du sous-sol, grâce à la conscience, à la liberté et à la vigilance des vrais propriétaires de ces richesses, c’est-à-dire les populations africaines; nous réitérons notre conviction que la démocratie à l’occidentale a montré ses limites dans la société africaine si différente de l’Europe et qu’il est temps de revenir dans les dispositions ancestrales de gestion du patrimoine commun, qui permettra au panafricanisme d’avoir une base solide pour son idéal des Nations-unies d’Afrique, pas d’Union Africaine qui semble emboîter le pas à l’Union Européenne dont certains membres d’ailleurs contestent sa politique et veulent aujourd’hui se retirer.

Que nous croyons vraiment à la renaissance de l’Afrique par l’abandon de la démocratie occidentale et l’introduction d’une monarchie authentiquement africaine, nous faut-il aussi déterminer comment nous comptons le réaliser au devant de centaines de tribus et ethnies qui essaiment par exemple la RD Congo. Le processus devrait commencer par la formation d’une commission d’élection d’un roi ou d’une reine, qui sera composée des hommes intègres et patriotes. L’espace dans lequel le choix sera fait se situe parmi les royautés et chefferies existantes dans le pays. Cette élection du chef de la Nation doit échoir à celui ou à celle qui aura démontré plus le sens d’un homme ou d’une femme de Nation tout au long de son règne comme chef, grand chef d’une tribu ou d’une ethnie.

D’autres critères s’imposent comme par exemple l’inéligibilité des chefs dont l’autorité est contestée par ses propres frères et sœurs à travers la succession ou une gestion partisane. La Commission ad hoc est censée établir des critères objectifs pour la désignation finale du roi ou de la reine ainsi que la proposition des textes des lois, surtout sur le mode successoral, qui à notre avis, ne devrait pas se figer sur la succession père-fils ou mère-fille, mais s’étendre au cercle de la famille royale élargie parmi les princes et princesses méritants. Ce qui éloignerait le spectre de la paresse de la part d’un prince ou d’une princesse qui se sait dauphin(e) et s’attend d’office de régner à la mort du monarque.

Le choix d’un roi ou d’une reine, dans le cercle des chefs et grands-chefs des tribus (Mwami, Mutambo, Mfumu, Mokonzi, Kumu, Bokulaka etc.) des royaumes et chefferies de notre pays, on doit le spécifier, procède de l’éducation reçue sur la préservation de l’héritage ancestral lors de son initiation, c’est-à-dire une éducation civique et patriotique, que ne peuvent se prévaloir bien d’hommes et femmes politiques de nos jours, puisque le civisme en RD Congo n’existe plus formellement depuis 1967 à l’avènement du MPR, Parti-État, du président Mobutu, mais effectivement au début des années 70. La preuve est palpable dans le désastre politico-socio-économique du pays.

On ne fera pas preuve de cécité intellectuelle en nous taisant sur l’affiliation et l’assujettissement de certains de nos chefs traditionnels aux loges européennes pour se conformer à la donne occidentale. On doit avoir bien compris que l’élévation d’un chef coutumier au niveau d’un monarque national lui confère les prérogatives, cela va de soi, d’un chef d’État qu’il est devenu et, comme il ressort de la problématique des terres, – source de conflits et de convoitise étrangère –, il est important que son cabinet royal soit aussi constitué d’un panel de conseillers grands chefs coutumiers, qui seront en rapport étroit avec le gouvernement en ce qui concerne la gestion du patrimoine foncier, et les députés pour l’élaboration des lois y correspondant. Le modèle du choix des députés, dans la configuration de la monarchie africaine que nous proposons, exige du postulant une résidence permanente dans la province de son choix pendant au moins cinq ans ; ce qui permettra à ce dernier d’avoir une connaissance plus ou moins parfaite de besoins et difficultés dans la circonscription où il pense briguer un mandat.

À l’inverse, les populations concernées gagneraient beaucoup dans la possibilité de connaître à fond le postulant. Cette disposition pourra réduire les frais de propagande et annihiler les réalisations ponctuelles des postulants liées à l’idée de se faire élire, profitant de mauvaises conditions de vie des administrés et se moquer d’eux sitôt à l’hémicycle lorsqu’ils réclament pour eux-mêmes de bonnes conditions de travail et de vie, et rien pour les populations qui les avaient catapultés vers le parlement. Il va de soi qu’en amont, la monarchie aura codifié le délit de mensonge dans le cadre de la campagne électorale. Pourquoi ? En bien, parce que les postulants à la députation entretiennent l’idée auprès des populations qu’ils sont des gestionnaires directs de l’État lorsqu’ils font des promesses fallacieuses de résoudre certains problèmes locaux aussitôt au Parlement, alors que leur rôle se limite à la collecte de besoins, de problèmes, de difficultés liés au développement de leurs circonscriptions électorales et de les défendre au Parlement qui les transmettra au niveau du gouvernement. C’est ce dernier qui est censé les adopter et de les exécuter suivant les priorités gouvernementales. Or dans la structure étatique actuelle, les populations devraient plutôt s’adresser au gouvernement provincial et aux parlementaires locaux, le cas échéant, sur des besoins purement locaux. Et là encore, faudrait-il que les populations soient instruites à ce sujet.

Nous venons donc d’aligner quelques données de cette monarchie constitutionnelle africaine à laquelle l’Assemblée Constituante pourra définir les grandes lignes et ses spécificités.

Il faut arrêter, Jeune frère, avec la divinisation de certains paresseux professeurs des universités africains qui n’innovent pas, s’attendent aux travaux des occidentaux pour faire l’homme de science, tout en étouffant dans l’œuf les élans scientifiques de jeune prodige que tu es par jalousie, grâce à leur incontestable autorité scientifique. Nous te prions donc de te conformer à tous ces dogmes, à toutes ces doctrines, à toute cette réflexion qui émanent de l’Occident et influent sur nos sociétés en vue d’obtenir ton diplôme. Après cela, tu sauras t’émanciper par tes propres prémisses.

Les pères des indépendances africaines, qui ont vécu plus les traditions africaines que cette génération, ont cherché à associer dans une tentative de gestion politico-socio-économique, le socialisme qu’ils ont hérité de l’Occident aux valeurs traditionnelles africaines. Cette quête d’une gestion purement africaine qu’ils ont nommée le Socialisme africain, renfermait en lui-même le germe de son échec justement par cet apport extérieur d’abord ( Socialisme), et surtout par le sabotage de l’ex. pouvoir colonial ( Assassinats politiques, Coups d’état, Corruption des élites africaines, etc.).

Nous sommes d’avis qu’il est plus facile de commencer par ce qui est déjà, mais que faire si cette base s’avère problématique pour l’avenir ? Mais la monarchie africaine est une base qui a fait ses preuves. Si le problème est d’ordre linguistique sur le plan scientifique, il existe suffisamment de langues africaines d’extension continentale pour constituer dans une trentaine d’années ou plus une expression scientifique. À l’école primaire de notre temps dans les années soixante dix, on apprenait en lingala(4) ceci : Mokoloto semba, Mokoloto semba mobukani, mokoloto semba mogumbami(5). Le Nigeria va bientôt expérimenter dans son cycle primaire l’enseignement dans une langue de souche ; peut-être qu’il pourra l’élargir avec le temps au niveau secondaire. Nous osons espérer que les linguistes vont s’atteler à la recherche d’une langue commune pour chaque région africaine.

Il faut en finir avec l’approbation d’autrui et la peur d’oser. Quand tu es sûr de ce que tu sais ou crois, le monde actuel te donne la possibilité d’exposer directement ta pensée au grand public pour le débat, tel que l’avait expérimenté en son temps, dans un monde inconnu de l’Internet et dans une hostilité occidentale obscurantiste, le professeur Cheik Anta Diop quand les messieurs de la Sorbonne lui avaient refusé son diplôme.

Bonne journée.

Bababebole Kadite

Norvège, 23/03/2024.   

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(1) Edward Bernays dans son livre Propaganda sous-titré Comment manipuler l’opinion en démocratie. Livre audio, voir Youtube. Chapitre 1, les premières phrases. Le pays dont il parle est une grande démocratie comme on dit, les États-Unis d’Amérique. 

(2)  Ce garçon peut bien être un sorcier.

(3) Lire Hypothèses politiques pour un changement patriotique de régime en RDC, sur le même site web..

(4) Lingala : langue la plus repandue en RD Congo

(5) Mokoloto semba : ligne droite

     Mokoloto semba mobukani : Ligne droite brisée 

     Mokoloto semba mogumbami : Ligne courbe ou ligne droite courbée.

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