Opinion : Hypothèses politiques pour un changement patriotique de régime en RDC.

Opinion : Hypothèses politiques pour un changement patriotique de régime en RDC.
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Bonjour,

Mon jeune frère,

J’ai promis de te donner des explications sur trois hypothèses possibles connues de tous pour asseoir véritablement un début de changement dans notre pays et, je souhaiterais avoir le cas échéant un retour de courrier en vue d’enrichir le débat. Je parle ici du changement politique qui suppose la prise de pouvoir en RDC par des patriotes. Cette recherche de prise de pouvoir est à son tour provoquée par des atermoiements de la classe politique sur le processus démocratique stagnant que nous allons rapidement brosser dans les lignes qui suivent. Ces trois hypothèses sont : la voie électorale, le coup d’État révolutionnaire et la révolution populaire.

Avant de décortiquer chaque hypothèse en vue de cerner le bien-fondé de ma démarche, il serait judicieux de donner un bref aperçu de la situation économico socio-politique dans laquelle se morfond le pays et qui en appelle à des solutions drastiques. Et c’est bien ce à quoi je vais m’employer à dépeindre brièvement dans les lignes qui suivent, en essayant pour ce faire d’être le plus explicite possible, afin de faciliter ainsi ta compréhension et celle du commun des Congolais.

Sur le plan politique, le processus démocratique stagne depuis deux décennies entre autres par légèreté politique et par manque total de confiance réciproque entre l’élite politique conséquemment à l’occupation partielle de nos territoires par nos voisins tant à l’Ouest qu’à l’Est. Car cet état des faits, – manque de confiance, suspicion politique, clientélisme -, résulte aussi de la participation de la quasi-totalité de l’élite politique congolaise d’aujourd’hui aux idéaux des occupants dans des rebellions que tout le monde reconnaît depuis un tiers de siècle qu’il n’en était rien et qu’en fait, elles étaient d’émanation étrangère, de surcroît nocives pour le pays comme nous l’expérimentons négativement aujourd’hui; les déboires démocratiques sont aussi le résultat d’une école de pensée politico-économique dominante basée sur la suppression progressive des États-Nations et le triomphe du marché.

Ainsi connaît-on une telle situation lorsque l’élite d’une nation considère son propre pays comme une réserve mondiale des ressources naturelles pour les étrangers ; … la suspicion règne en maître, car cette élite a d’abord trahi MOBUTU Sese Seko, puis Laurent-Désiré KABILA, puis le successeur de ce dernier, et attend enfin patiemment d’en faire autant, à la première occasion lorsqu’ils jugeront que leurs intérêts sont compromis, contre le fils d’Etienne TSHISEKEDI, l’actuel président de la République. À cela s’ajoute l’infiltration des institutions politiques et administratives par des agents extérieurs. Mais il y a lieu de citer une jeune et nouvelle classe politique, qui n’a aucun lien politique avec les régimes précédents et qui essaie de faire la différence et avec laquelle on pourrait miser pour l’avenir si elle garde son cap politique actuel et ne tombe pas comme ses aînés dans la recherche d’un bien-être personnel.

Sur le plan économique, l’éffondrement du secteur économique est visible, l’État lui-même ne pèse pas lourd sur la balance et encore moins le secteur privé, qui souffre du manque d’initiatives locales suffisant engendré depuis belle lurette par une orientation économique des gouvernements successifs qui ne soutient pas l’initiative locale, en plus du manque d’investissements étrangers dû à la crainte des opérateurs économiques extérieurs de s´engager dans un pays où règne l’instabilité politique et sécuritaire, doublée d´une corruption endémique de l´élite. Laquelle corruption ne cesse d’assombrir et de rendre moins attrayant le climat des affaires. Le taux de croissance n’influence pas le vécu quotidien. La règle reste donc le secteur informel opérant à petite échelle, avec un faible niveau d’organisation, et le formel, l’exception.

Sur le plan social, la catastrophe est imminente si l’on ne redresse pas la barre. Cette degénerescence a aggravé le tissu social presqu’inexistant des congolais qui s’enfoncent davantage dans le fossé de la misère, pendant que de milliers d’entre eux errent dans les territoires de l’Est depuis plus d’une décennie extirpés de leurs villages sans espoir de retour, tandis qu’une dizaine de millions d’autres ont perdu la vie dans un génocide que la communauté internationale, à la conscience très chargée, refuse de reconnaître. La situation congolaise telle qu’elle a été conçue depuis l’invasion du Zaĩre par des forces hostiles à l’épanouissement du Congo et de ses populations, est une aubaine pour les sociétés multinationales qui se sont jetées sur la proie congolaise et la dépèce sans états d’âme, comme il sied à un rapace. Car c’est dans le chaos de la mort des congolais que se trouve le bonheur des prédateurs.

Sans pour autant récuser le rôle de l’impérialisme occidental qui trouve sa force dans l’aliénation culturelle dont est victime notre élite et son refus de s’en débarrasser, l’élite politique croit à la démocratie quand il a le pouvoir et la critique lorsqu’il perd ce pouvoir. Cette attitude irresponsable nous confine dans un statu quo désastreux.

Ainsi, comme les pouvoirs successifs issus des élections ne sont pas encore arrivés à mettre fin à l’occupation partielle du pays, au démantèlement des réseaux d’infiltration étrangers et des infiltrés, et surtout de relever le défi de la pauvreté criante, il m’impose de croire qu’une solution alternative devrait être envisagée. C’est la raison pour laquelle j’essaye de voir laquelle de trois hypothèses énumérées au premier paragraphe peut contribuer à notre liberté, à notre indépendance, à notre souveraineté, à notre épanouissement, à notre bien-être, à la paix pour les congolais broyés, humiliés, anéantis, chosifiés.

La voie électorale.

La première expérience électorale législative dans le pays en mai-juin 1960 a été une réussite, malgré quelques revendications de fraude électorale qui toutes ont été rejetées faute de temps car le jour de la proclamation de l’indépendance approchait. Qu’elle ait été truffée d’irrégularités ou qu’elle ait été acceptée par toute l’élite politique congolaise de l’époque et qu’elle ait été organisée par le colonisateur belge, c’est une autre histoire, mais le plus important est qu’elle avait permis la constitution d’un Parlement qui allait voter le Président de la République. L’objectif fut atteint. Nous n’allons pas entrer ici dans les faits qui avaient permis la déflagration de la jeune démocratie dès les premiers mois de l’indépendance.

Puis vinrent les secondes élections générales de 1964 organisées par le congolais lui-même après le référendum sur la Constitution de Luluabourg et qui virent le triomphe de TSHOMBE Moïse. Avaient-elles suivi le même schéma des premières élections ? J’en doute, pour ma part, à cause de l’éradication des hommes politiques qui se nommaient patriotes-nationalistes. Lorsqu’une partie de l’opposition politique est neutralisée politiquement comme ce fut le cas des hommes de file de LUMUMBA Patrice Emery, l’élection n’est plus légitime, qu’on le veuille ou non. En plus, TSHOMBE ayant été l’ennemi politique de LUMUMBA et à la solde des belges et des américains, on peut facilement alléguer que son plébiscite électoral avait déjà créé un précédent que nous aurons à expérimenter après la chute de MOBUTU.

À la fin, on notera que TSHOMBE avait été le dindon de la farce. Qu’il avait été utilisé pour trahir LUMUMBA, lui qui était prêt à rejoindre le gouvernement de ce dernier. Il est d’importance de souligner qu’il n’avait tenu que six mois comme Premier ministre issu de l’élection législative d’Avril 1964, et fut démis de ses fonctions comme LUMUMBA par KASA-VUBU et remplacé par Évariste KIMBA, qu ́il fut pourchassé jusque dans son exil espagnol, arrêté et jugé à Alger où son avion avait été détourné par des pirates de l’air, avant de succomber dans son sommeil d’une mort dite naturelle, dans des circonstances toutefois non élucidées. Il repose au cimetière d’Etterbeek, près de Bruxelles en Belgique.

Mobutu mit fin à toutes les élections démocratiques tout au long de son règne une année plus tard en 1965 par son coup d’État, et ce, pendant toute la durée de son long règne qui prit fin le 17 mai 1997.

On ne saurait donc pas parler d’élections démocratiques pendant la dictature du parti unique instaurée par ce dernier. Qu’il ait été élu ou coopté, le nouveau commissaire du peuple ou député devait danser sous les notes musicales du Mouvement Populaire de la Révolution,(MPR) parti-État, et jurer fidélité à son fondateur, obéissance à sa Constitution et aux lois qui en découlent. Ce fut donc là le triomphe du règne de la pensée unique du seul maître à penser du Zaïre.

La gestion désastreuse de l’époque mobutienne liée à la fois au narcissisme et au despotisme du président de la République du Zaïre lui vaudront son éloignement du peuple, dont le pouvoir d’achat dégringolait chaque année la pente à la vitesse de la lumière depuis son accession au pouvoir. Une telle situation devrait tôt ou tard appeler un changement de régime pour le bien des populations zaïroises. D’autant plus que certains commissaires du peuple (députés) se révoltèrent vers le début des années 80. Bien entendu, ils furent traités de toutes les manières possibles pour décourager ce crime de lèse-majesté. Des années passèrent et rien ne se passa si ce n’est que les populations zaïroises étaient sortis de leur torpeur, désillusionnées. La révolte populaire couvait sourdement, il fallait absolument y trouver un somnifère pour endormir de plusieurs années encore le peuple zaïrois.

C’est à ce moment-là que vinrent à la rescousse à la dictature vers la fin des années 80 les États occidentaux qui chapotent nos pays par compatriotes interposés. Prétextant la chute du Mur de Berlin, un événement n’ayant aucun rapport avec l’Afrique dont on se fait tort d’y adhérer puisque l’événement n’a rien changé à notre situation, la Conférence de la Baule en France suggéra de lâcher un peu du lest en réincorporant le multipartisme confisqué depuis trois décennies. Libérés du joug d’un monopartisme de fait, certains politiques volèrent de leurs propres ailes en créant des partis politiques d’opposition qui brillèrent, pour la plupart, pour cracher sur la main qui les avait nourris des décennies durant. Pour trouver un consensus politique dans cette multiplicité de partis politiques d’obédience mobutiste, d’opposition de façade, d’opposition réelle sans assise conséquente auprès du peuple depuis la pendaison des derniers patriotes-nationalistes les plus connus à la Place des Martyrs en 1966 (1), et plus tard de l’assassinat de Pierre MULELE en 1968 (2), les hommes et femmes politiques et de la société civile souscrivirent pour une conférence à l’échelle nationale qu’ils ont nommé la Conférence Nationale Souveraine débutée en Août 1991 et terminée en Décembre 1992. Toutefois depuis la chute de MOBUTU, aucun gouvernement n’a daigné aligner dans son programme politique ou dans son projet de société ou encore dans l’exercice de son pouvoir ce qu’on a appelé : les acquis de la CNS, Conférence Nationale Souveraine.

Six années sont passées depuis le retour au multipartisme intégral, et six années de jeux politiques dont MOBUTU, le Maestro, s’en sortait toujours indemnes, six années d’atermoiements jusqu’à ce que, brusquement, on entende à l’Est du pays, des bruits de bottes. Le pays venait d’être envahi par des pays voisins. Laurent-Désiré KABILA entre triomphalement en scène politique nationale quelques mois plus tard neutralisant tout le microcosme politique. Aucune personnalité politique n’avait apprécié son geste. Parce que le nouveau maître du Congo ne voulait pas travailler avec les opposants de MOBUTU et les mobutistes, les qualifiant tous d’hommes inutiles pour le pays. Ces derniers, hommes de main de Mobutu, puis devenus opposants contre lui, profitant de la brouille entre le nouveau maître du Congo et l’armée rwandaise qui l’avait amené au pouvoir préfèrerent aller prêter main-forte à cette armée d’invasion étrangère qui se mua – pour les besoins de la cause – en mouvement rebelle dit congolais. Le parrain ougandais en profita aussi pour soutenir un autre mouvement de même facture en vue de punir le nouveau maître de Kinshasa. Le pays fut divisé jusqu’à l’assassinat de Laurent-Désiré KABILA en 2001.

Joseph KABILA prend le pouvoir par le même procédé du coup d’État. Après bien des discussions à Sun-City, en Afrique du sud, l’opposition politique, les chefs des mouvements politico-militaires et le nouveau maître du Congo se partagèrent le pouvoir selon la formule célèbre de 1+4, autrement dit un président assisté de quatre vice-présidents de la République dont deux ayant des fonctions régaliennes de l ́État. Le terrain avait été aplani pour restaurer le processus démocratique dans le pays après la longue dictature et de prétendues rébellions téléguidées servant de paravent aux puissances étrangères pour la prise de pouvoir illégitime : l’élection des futurs dirigeants politiques.

Depuis les premières élections de l’après MOBUTU de 2006 jusqu’à celles de décembre 2018, toutes ont été contestées à cause d’irrégularités et des fraudes électorales. Échapperons-nous, cette fois-ci, dans ces élections générales de 2023 au démon de la contestation chronique des résultats électoraux ? Et comment s’en sortir ? Est-ce la suspicion entre acteurs politiques ou le désir seulement d’être Calife à la place du Calife et de s’éterniser au pouvoir ? En tout état de cause, aucun gouvernement jusqu’à preuve du contraire n’a soulagé les populations congolaises de tous les fléaux dont elles sont victimes : la faim, la paupérisation à outrance, l’exploitation et le vol des ressources minières par les étrangers, l’insécurité sous toutes ses formes, l’instabilité sociale, politique et économique etc. Cette situation en appelle naturellement à un autre système de gouvernement.

Le coup d’État révolutionnaire

Le coup d’État révolutionnaire est le seul moyen pour les patriotes de prendre le pouvoir et de diriger le pays selon la volonté des populations, le bien-être de tous. Il est l’une des alternatives avec la révolution populaire lorsque le processus démocratique piétine dans un pays donné. C’est une alternative transitionnelle qui ne bouleverse pas le pays de fond en comble et permet donc l’exercice de certaines institutions établies; il doit être absolument d’essence patriotique et peut être amorcé par des civils ou des militaires. Mais pourquoi le coup d’État révolutionnaire ? Il est nécessaire lorsqu’une certaine classe d’individus politiques dans un pays donné, soit incompétente soit assoiffée du pouvoir, a pris le destin de tout un peuple en otage, usant de la démocratie des élections pour assurer sa légitimité, et dont l’idéologie ou le programme politique reste un mystère pour tout un peuple.

Mais là où cette option est plus qu’importante, c’est-à-dire existentielle, c’est quand les hommes ou dirigeants politiques sont à la solde des puissances étrangères. La courte histoire politique de la RD Congo en est une illustration lumineuse. La mise en œuvre de cette possibilité ne concerne pas que l’Opposition qui se targue de faire mieux que le régime en place sitôt au pouvoir, mais surtout le pouvoir en exercice, parce qu’il détient déjà le pouvoir.

Quel que soit le moyen par lequel il est parvenu au pouvoir, disait l’ancien président gabonais Omar BONGO au sujet de Laurent-Désiré KABILA, il est président et il est de son devoir de vouloir aimer son pays, de le protéger et de l’émanciper, à l’exemple de certains pays africains de l’Ouest qui essaient de s’affranchir de la tutelle française. Car le coup d’État révolutionnaire est aussi le seul rempart contre le déni de développement des peuples d’Afrique à cause de leurs ressources naturelles qui les propulseront vers la puissance économique. Le peuple congolais attend un dirigeant politique de cette trempe, qui prend son courage à deux mains et prend des décisions qui s’imposent pour rallier son action. Les populations congolaises attendent une telle personnalité politique et sont prêtes à se tenir comme une forteresse imprenable contre les appétits insatiables des prédateurs de la RD Congo.

Dans la mesure où nous devons croire que l’homme ou la femme politique est d’abord patriote avant d’être balloté dans des considérations d’ordre idéologique qui n’ont ni queue ni tête en Afrique, comme Gauche, Droite, Extrême-droite ou gauche, Centristes, Écolo, Liberal, Néo-liberal, Progressistes, etc. , il me semble naturel que l’Opposition souscrive à cette action politique pour l’intérêt supérieur de la Nation, aussi longtemps que les auteurs de ce coup de force ne vont pas dévier de la ligne patriotique où ils sont censés se maintenir, en vue d’atteindre les objectifs salutaires dont ils se sont eux-mêmes fixés pour justifier leur action de force initiale. C´est donc là l´histoire de se choisir sa propre voie adaptée aux réalités auxquelles on est confronté afin d´y apporter des solutionsidoines, plutôt que de continuer indéfiniment à verser à l´aveuglette et en vain dans des concepts dont on n’a aucune maîtrise et dont on ignore complètement les tenants et les aboutissants.

De son côté, le pouvoir issu du coup d’État révolutionnaire devra avec le temps appeler les autres acteurs politiques de l’opposition à la gestion de la chose publique, en vue d’éviter ce que j’appelle l’Opposition négative, action chronique de la « démocratie » à l’occidentale. J’inclus par opposition les hommes et femmes politiques de la résistance congolaise de la diaspora dont l’exclusion vouerait de facto à l’échec ce coup de force de salut national, puisqu’il susciterait une opposition que personne ne souhaite. En définitive, ce pouvoir, ayant réussi la symbiose des cœurs et de pensée entre le corps politique et les populations dans cette période transitionnelle, il pourra alors libéraliser le jeu politique dans un régime politique autre que celui de la « démocratie » à l’occidentale, dont je me réserve le loisir de théoriser dans ma prochaine réflexion.

La révolution populaire

La révolution populaire est l’ultime alternative quand les deux propositions ont été vouées à l’échec. Cela voudrait dire que les auteurs du coup d’État révolutionnaire ont voulu garder le pouvoir indéfiniment dans le refus d’inclure l’Opposition politique dans la gestion nationale ni de valoriser les conditions de vie des populations congolaises, et encore moins d’avoir réussi à protéger les ressources naturelles du pays qui continueront à enrichir les nations occidentales au détriment des populations congolaises. Il devient clair que ce n’était qu’un coup d’État classique des années 60 que commanditait l’ex-pouvoir colonial. Le régime au pouvoir nous aura donc ramené plusieurs décennies en arrière. Cette haute trahison devra naturellement appeler une action révolutionnaire du peuple meurtri par plus de soixante années de misère, de martyre et de génocide.

Avant de conclure mon opinion, je souhaiterais citer une disposition de la présente Constitution en son article 64, je cite : “Tout congolais a le devoir de faire échec à tout individu ou groupe d’individus qui prend le pouvoir par la force ou qui l’exerce en violation des dispositions de la présente Constitution

En rapport à l’article cité, j’entends qu’une frange de l’Opposition en appelle au soulèvement populaire pour des raisons qu’elle invoque. Un soulèvement, aussi populaire soit-il, est assimilable à une émeute qu’un régime à la dérive dictatoriale peut réprimer, au pire des cas, à une insurrection populaire dûment militarisée où le meilleur de deux camps l’emporte. Le régime au pouvoir aura la légitimité dans ce cas pour défendre le pays contre le fauteur des troubles, conformément au deuxième alinéa du même article de la Constitution : “Toute tentative de renversement du régime constitutionnel constitue une infraction imprescriptible contre la nation et l’État. Elle est punie conformément à la loi”. On pourrait bien avoir des discussions sur le terme régime constitutionnel dans l’exercice d’un pouvoir qui est contesté, mais cela ne change pas grand-chose. En outre, le pouvoir en exercice pourrait bien faire appel aux soutiens extérieurs qui partagent les mêmes intérêts. Ce serait donc une action certes courageuse, mais hypothétique quant à son issue victorieuse.

Mais la révolution populaire, par contre, est une révolte certes mais dont la dimension dépasse le stade des simples agitateurs improvisés qui enflamment une foule déjà en colère et qui s’apaise par une nouvelle fallacieuse promesse de l’amélioration de leurs conditions de vie ou se noie dans une répression policière ou militaire du pouvoir rejeté, tel le phénomène de pillage que la ville de Kinshasa avait connu au début des années 90 ; non, la révolution populaire est une action qui bouleverse tout, supprime la constitution et change les données politiques tout aussi bien économiques que sociales ; la révolution se prépare de longue date, elle est instruite à l’échelle nationale par des analyses d’intellectuels nationaux sur l’éventuel dérapage de la gestion du patrimoine commun, sur les dangers de la dérive totalitaire, sur l’histoire et le haut degré de civisme patriotique des premiers hommes politiques, sur une idéologie politique qui rencontre les desiderata d’un chacun… qui nourriront la latente révolte du peuple et susciteront leur spontanéité sur les actes à entreprendre en vue de devenir réellement souverain.

Mais cette action ultime à la misère extrême ne porte pas, à l’analyse des comportements politiques, l’approbation du milieu intellectuel et politique dont le regard, au lieu de percer le monde et saisir la portée significative du non-épanouissement du peuple congolais en rapport avec des intérêts étrangers qui paralysent le pays et qu’on se doit absolument de combattre, reste rivé aux problèmes purement domestiques et superficiels de qui sera le prochain président de la République.

Dans ce cas précis de la révolution populaire, les intellectuels et les femmes et hommes politiques ne peuvent pas compter sur l’aide possible de l’étranger que les Russes, à l´aube de la Révolution bolchévique d´octobre 1917, avaient reçu de la part d´autres puissances européennes qui pensaient bien en tirer profit après cette révolution. Y a-t-il un intérêt pour les puissances étrangères à nous apporter une quelconque aide en vue de concrétiser notre idéale de liberté et de souveraineté qui contrediraient leurs int´rêts ? Ne serait-ce pas d’une certaine naïveté de le croire quand un géostratège occidental déclare publiquement ? «  Cela fait maintenant plus de 25 ans que j’enseigne la stratégie . Dans ma carrière, j’ai eu affaire à des dizaines d’officiers et de hauts fonctionnaires africains. Je suis obligé de confesser que le malheur de l’Afrique, et de plusieurs nations prospères dans le monde, vient de sa rencontre avec l’Occident…» Puis il parle de la richesse de l’Afrique et poursuit en ces termes :

« C’est conscients de cette richesse phénoménale que constitue l’Afrique que des pays comme les USA, la France, la Chine, le Royaume Uni, etc. sont décidés à la maintenir dans une position de réservoir et déversoir mondial. Il y a aujourd’hui des task force un peu partout, chargés d’étudier et de proposer des solutions qui permettront à ces nations de faire main basse sur les ressources mondiales, de s’assurer que quoi qu’il advienne, leur approvisionnement sera assuré. »

Sa conclusion est plus qu’édifiante : « L’Afrique doit d’abord s’unir. Ensuite il vous faudra développer votre manière de voir le monde, une manière africaine tenant compte des intérêts de l’Afrique. Alors, les fonctionnaires qui seront là devront arrêter de faire du copier-coller. Ils devront créer des outils et stratégies propres à l’Afrique. Avant que vos ministères des Affaires étrangères ne fassent des analyses sur la marche du monde, ils feraient mieux d’en faire d’abord pour votre propre intérêt ».(1)

En définitive, la révolution populaire reste, avec le coup d’État révolutionnaire, au regard de la faillite de la « démocratie » à l’occidentale dans notre pays, la seule voie possible pour se débarrasser du vrai danger qui guette l’existence même de la Nation congolaise, – risque de balkanisation et de démembrement du pays, pillage des ressources minières par des guerres imposées et ininterrompues, déshumanisation du Congolais surtout à travers la femme, possible extinction des peuples du Congo par un génocide – que nos pères de l’indépendance ont pu ériger en État et que la Communauté internationale d’aujourd’hui, jadis Conférence de Berlin, nie la souveraineté : la tutelle étrangère.

Bonne journée.

NORVÈGE, le 2 décembre 2023

Kadite BABABEBOLE

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(1) Jerôme ANANI, Alexandre MAHAMBA, Évariste KIMBA et Emmanuel BAMBA.

(2) Pierre MULELE, ancien ministre de l’Éducation du gouvernement LUMUMBA, devenu, à la mort de ce dernier, rebelle contre le gouvernement de Kinshasa, et assassiné en 1968, à son retour au pays pour réconciliation nationale.

(3) L’article tiré du site Ivoirebusiness.net est intitulé Géostratégie. Les graves révélations du Pr Charles-Philippe David sur l’avenir de l’Afrique.

info@kamaplustv.net

Un commentaire sur “Opinion : Hypothèses politiques pour un changement patriotique de régime en RDC.

  1. On a tout essayé, élections ( mal organisées jusque là), révolution populaire ou non. Le problème est l’homme congolais. Je suggère pour une fois d’essayer de donner le pouvoir à la femme congolaise ( elles sont capables); par quel mécanisme, je n’en sais rien. Le problème n’est pas comment on accède au pouvoir mais qu’est-ce qu’on en fait. Margaret Thatcher a dit  » En politique, si vous voulez des discours, demander à un homme. Si vous voulez des actes, demandez à une femme ».

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